OCTOFIGHT – Tome 1. Ô vieillesse ennemie

Dans la France de 2050, les plus de 80 ans qui perdent leurs droits à la Sécu sont euthanasiés alors Stéphane et sa femme préfèrent fuir… Un récit d’anticipation sociale rondement mené, avec baston et politique au menu.

Nous sommes en 2050 et la France dirigée par Mohamed-Maréchal Le Pen n’est pas tendre avec les vieux, trop nombreux et trop chers: les plus de 80 ans sont euthanasiés dès lors qu’ils perdent leurs droits à la Sécu. Et justement Stéphane vient de perdre les siens de droits après avoir été testé positif à la nicotine… L’octogénaire décide alors de fuir avec sa femme Nadège.
L’idée de cette trilogie en noir et blanc est venue à Nicolas Juncker (« Seules à Berlin ») à la lecture d’un roman suédois – « La mort moderne » de Carl-Henning Wijkmark – sur l’élimination des personnes âgées pour assurer l’intégrité économique du pays. A noter qu’ici les bouc-émissaires sont les seniors mais cela pourrait tout aussi bien être les musulmans, les noirs, les juifs… Cynique à souhait, la problématique sociétale, bien que caricaturale, est en tout cas intelligemment développée grâce à des flash-backs réguliers montrant quelques décennies plus tôt le débat politique ayant conduit à ce système.
Mais ne vous tirez pas une balle dans la tête tout de suite, « Octofight » a aussi un côté déjanté et divertissant que l’on découvre vite puisqu’en fuyant, Stéphane et Nadège se retrouvent entre les mains d’un mafieux qui organise des combats de vieux, à la manière des gladiateurs. A mains nues ou en déambulateur, tous les coups sont permis lors de ces duels ahurissants rendus très dynamiques par le trait proche du manga de Chico Pacheco (« Un jour sans Jésus »). Le tome suivant devrait d’ailleurs être axé sur la baston, avant un troisième à l’accent très politique.

Dessinateur: Chico Pacheco – Scénariste: Nicolas Juncker – Editeur: Glénat, collection Treize Etrange – Prix: 12,90 euros.

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