L’ENFER EST VIDE, TOUS LES DÉMONS SONT ICI

Le procès d’un nazi en Israël et le débat autour de son exécution en 1962. Intéressant alors qu’on vient de fêter les 40 ans de l’abolition de la peine capitale en France.

Peut-on être contre la peine de mort mais accepter des exceptions pour certains crimes? Lorsque l’on est un criminel nazi par exemple? Pour aborder cette question, l’historienne Marie Bardiaux-Vaïente qui y répond par un catégorique et définitif non, s’est penché sur le procès d’Adolf Eichmann, l’un des grands architectes de la « solution finale ». Un procès intégralement filmé qui s’est déroulé à Jérusalem avec des jurés juifs et qui a abouti à l’exécution du nazi en 1962 alors même qu’Israël avait aboli la peine de mort en 1954.
L’horreur de la Shoah et la responsabilité de Eichmann, bien qu’évidemment largement décrites ici, ne constituent pas le sujet principal de « L’enfer est vide, tous les démons sont ici », au titre emprunté à la citation de Shakespeare. La scénariste – déjà auteure de « L’Abolition » (avec Malo Kerfriden) consacré au combat de Badinter contre la peine de mort -, met en scène un débat de société sur la notion de monstre, sur l’importance politique pour Israël de juger un nazi sur son sol mais aussi et surtout sur l’abolitionnisme et les enjeux mémoriels. Pour ce faire, elle donne la parole à des intellectuels juifs, à la philosophe Hannah Arendt et sa fameuse « banalité du mal » ainsi qu’à deux personnages fictifs: Jeanne, une journaliste française abolitionniste convaincue (l’alter ego de l’auteure), et Shimon, son homologue israélien.
Un récit sobre et respectueux au trait réaliste essentiellement en bichromie de bleu et jaune que Kerfriden (« KGB », « La rage », « La banque ») réussit finalement à rendre assez dynamique en variant son découpage.

Dessinateur: Malo Kerfriden – Scénariste: Marie Bardiaux-Vaïente – Editeur: Glénat – Prix: 19,50 euros.

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