LES OISEAUX NE SE RETOURNENT PAS

Une petite fille et un déserteur unis pour fuir leur pays en guerre. Un album à la fois sombre et lumineux sur l’enfance en exil. Très beau.

Une dernière fois, Amel fait voler son cerf-volant au milieu des rues en ruines. Une dernière fois, elle embrasse ses grands-parents. L’heure de quitter ce pays en guerre est venue. C’est donc avec de faux papiers et une autre famille que la fillette de 12 ans entame un long voyage pour la France. Mais très vite, elle se retrouve séparée de ses compagnons d’exil. Livrée à elle-même dans un camp de réfugiés, elle rencontre Bacem, un jeune militaire déserteur.

Pour son premier roman graphique, Nadia Nakhlé a choisi un sujet dur: le drame de l’exil et ses dangers en particulier pour les mineurs isolés. Rien d’étonnant donc à ce que le regard triste de la petite fille parcourt d’oppressantes planches au noir profond juste rehaussées de quelques touches de couleurs vives. Mais l’histoire d’Amel, qui est celle plus universelle de milliers de jeunes migrants, est aussi porteuse d’espoir et traitée de manière allégorique et très poétique. A l’histoire de la fillette répond celle du poème persan « La conférence des oiseaux » de Farid Ud Dîn Attâr qui retrace le parcours de 30.000 oiseaux traversant sept vallées en quête de leur roi. Des oiseaux qui ne se retournent pas et guident donc la petite Amel vers un endroit sûr… Le résultat, entre histoire illustrée et bande dessinée, est indéniablement très beau mais aussi touchant.

Nadia Nakhlé travaille désormais à son premier long métrage d’animation, qui s’appellera comme le roman graphique.

Dessin et scénario: Nadia Nakhlé – Editeur: Delcourt, collection Mirages – Prix: 25,50 euros. 

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