LES NAUFRAGÉS DE LA MÉDUSE

La genèse du célèbre tableau signé Géricault à partir d’un épisode tragique de l’histoire de la marine coloniale française. Documenté et très intéressant.

Une dizaine de naufragés décharnés, à demi-morts, sur un radeau en piteux état, faisant des appels désespérés à un bateau au loin. Tout le monde connaît la toile monumentale de Géricault. Le contexte du naufrage et la genèse du tableau pas forcément. 

En un one-shot de plus de 170 pages, Deveney et Bordas font le récit croisé du drame et de l’oeuvre. Un projet ambitieux qui a nécessité un important travail de documentation mais qui apporte un éclairage historique intéressant. 
Le naufrage s’inscrit en effet dans un contexte politique tendu où les bonapartistes ont été chassés du pouvoir par les royalistes. Et c’est sous le commandement d’un noble royaliste n’ayant pas navigué depuis 25 ans que La Méduse prend la mer. Accumulant les erreurs, celui-ci provoquera son échouage le 2 juillet 1816 entraînant la mort de 160 personnes dont 147 abandonnées sur le radeau. L’équipée durera 13 jours et la majorité des marins succomberont à la faim, les noyades, les bagarres et même des faits de cannibalisme. Des scènes d’horreur que l’opinion a encore en mémoire lorsque Géricault, fasciné par l’évènement et soucieux de lancer sa carrière, décide de s’emparer du sujet.
Soutenue par le dessin aquarellé réaliste de Bordas (« Le recul du fusil »), la narration sous forme d’allers et retours entre la catastrophe maritime et le projet du peintre, ainsi que les personnes interrogées par Géricault rendent l’ensemble très vivant. 

Dessinateur: Jean-Sébastien Bordas – Scénaristes : Jean-Christophe Deveney et Jean-Sébastien Bordas – Editeur: Casterman – Prix: 26 euros.

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