PRISON N°5

Condamnée à de la prison pour un dessin sur les exactions turques contre les Kurdes, Zehra Dogan a dessiné pendant sa captivité. Un témoignage poignant.

En juillet 2016, Zehra Dogan, journaliste, co-fondatrice d’une agence d’information féministe kurde et artiste, est arrêtée pour un dessin représentant la destruction de la ville kurde de Nusaybin par les forces turques. Condamnée à deux ans, neuf mois et 22 jours de prison pour « propagande terroriste », elle nous immerge dans son quotidien carcéral, notamment à la prison n°5 de Diyarbakir, haut lieu de persécutions.
Avec « Prison n°5 », réalisé entièrement en prison sur le dos des lettres qu’une amie lui envoyait et qu’il fallait ensuite faire sortir clandestinement page par page, Zehra Dogan témoigne donc. De ses conditions de détention d’abord dans ses geôles successives mais aussi des multiples tortures subies par les prisonniers depuis au moins les années 1980. Sur ce papier brut, le simple trait crayonné rehaussé de correcteur blanc ou de feutre et les textes qui accompagnent les dessins racontent l’indicible sur une centaine de pages.
Difficile de ne pas frissonner d’effroi face à ces scènes d’humiliations et de violences incessantes, ces corps brisés. Pour leur rendre hommage, Zehra Dogan ne se prive pas d’égrener de longues listes de journalistes, militants et combattants kurdes broyés par le régime. Le témoignage glaçant revient également sur la répression du régime contre la communauté kurde et l’histoire de la résistance du PKK, depuis sa création en 1978. Seules notes d’espoir – et pas des moindres! -, l’immense solidarité entre tous ces prisonniers politiques et le désir jamais enterré de résister. Quoi qu’il en coûte.

Dessin et scénario: Zehra Dogan – Editeur: Delcourt – Prix: 24,95 euros.

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