LES INDÉSIRABLES

Une ado se retrouve projetée dans le passé, au coeur d’un camp d’internement nipp-américain dans les années 1940. Récit autobiographique intéressant sur un fait historique méconnu en France.

A 16 ans, Kiku sait peu de choses sur son histoire familiale et ses origines japonaises. Mais lors d’un séjour à San Francisco où sa mère tient absolument à retrouver la maison d’enfance de sa propre mère, l’adolescente se retrouve brusquement téléportée durant la Seconde Guerre mondiale. Juste au moment où, au lendemain de l’attaque de Pearl Harbor, le gouvernement américain décide de déchoir de tous leurs droits civiques des milliers de Japonais (ou d’origine) car accusés d’être des ennemis des Etats-Unis et de les déporter dans des camps d’internement.
Prenant comme point de départ une mystérieuse (et certes un peu facile) « téléportation » dans le temps, ce récit autobiographique permet une intéressante découverte d’évènements méconnus des Français, malgré des planches aux décors minimalistes et aux aplats de couleurs basiques. De l’intérieur du camp, Kiku peut décrire les conditions de vie précaires des familles internées et dresser différents profils types, entre ceux qui se résignent ou ceux qui tentent une forme de résistance comme les « No-no Boys », des Issei (première génération d’émigrants japonais) aux Yansei (4e génération). Outre l’intérêt historique, on appréciera aussi cet épais roman graphique de près de 300 pages pour sa réflexion sur la quête d’identité, la transmission intergénérationnelle et le devoir de mémoire.

Dessin et scénario: Kiku Hughes – Editeur: Rue de Sèvres – Prix: 18 euros.

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