LA MAISON DU CANAL

Une orpheline bruxelloise est accueillie chez ses cousins flamands dans une ferme quadrillée par les canaux. Ambiance lourde et noire à souhait.

Simenon n’est évidemment pas que l’auteur de Maigret, il a aussi écrit de nombreux autres romans ne mettant pas en scène le célèbre commissaire et dont certains étaient qualifiés par lui même de «durs». Par cette expression, il faut comprendre « durs à écrire », leur écriture constituant une véritable épreuve physique qui laissait Simenon vidé et épuisé, confie John, le fils du romancier.
Mais « La maison du canal » (adapté par José-Louis Bocquet qui a déjà travaillé sur « Le passager du Polarlys ») est aussi un roman dur par son sujet: une exploration des noirceurs de l’âme humaine. À la mort de son père, Edmée, 16 ans, quitte Bruxelles pour s’installer chez les Van Elst, des cousins vivant dans une ferme à Maeseyck, au coeur d’une Flandre sillonnée de canaux. Une famille de paysans taiseux qui vient elle aussi de perdre son patriarche et où chacun semble vivre avec de lourds secrets. Petit à petit, Edmée va apprendre à composer avec les lieux et à naviguer entre les habitants et les situations.
Le rythme de cette adaptation est lent, l’ambiance lourde, soutenue par le trait charbonneux d’Edith (« Basile et Victoria », « Moi, Edin Björnsson ») et les couleurs froides. L’incessante pluie fine et glaciale transperce les corps, le ciel est désespérément gris et bas et donne à cette campagne flamande – dont la famille maternelle de Simenon était originaire – des airs de prison ouverte. La détresse des personnages englués dans leur solitude et écrasés par le poids de l’héritage familial, est palpable et très vite on comprend que tout cela ne peut que mal finir. La seule question étant de savoir comment.

Dessinatrice: Edith – Scénariste: José-Louis Bocquet – Editeur: Dargaud – Prix: 22,95 euros.

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