LA FORTUNE DE POUTINE

Comment l’ancien espion du KGB Vladimir Poutine a participé à la mise en place d’un véritable système mafieux toujours en place dans son pays. Edifiant.

Depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir en Russie en 2000, le montant de l’argent sale sorti du pays et blanchi par les banques de l’Ouest a été d’au moins mille milliards de dollars. Le président de la République serait en outre un des hommes les plus riches du monde, pesant entre 150 et 250 milliards d’euros.
Si le chef du Kremlin a déjà eu les honneurs de la bande dessinée, avec notamment «Tsar par accident» d’Andrew S. Weiss et Brian Brown, « La fortune de Poutine » s’intéresse plus spécifiquement à l’histoire de la vaste prédation de l’économie russe depuis les années 90, à la chute du communisme, à travers le parcours d’un espion nommé Poutine.
Yvonnick Denoël, spécialiste du renseignement et auteur d’autres grandes enquêtes (« Le livre noir de la CIA », « Les guerres secrètes du Mossad »), plonge ainsi le lecteur dans les arcanes du pouvoir et dans le système Poutine. Entre KGB, oligarques, circuits financiers, sociétés off-shore, intrigues de palais, mafia russe et assassinats, cette vision d’une certaine partie de la société russe est édifiante. L’album est extrêmement bien documenté, d’autant qu’il est complété par cahier documentaire de 12 pages sur quelques figures de la galaxie Poutine et le blanchiment de l’argent sale russe par les banques européennes.
Tout cela est mis en scène par Gildas Java (« La IIe rédemption », « Alexandre – L’épopée ») dans des planches semi-réalistes à la lumière blafarde et aux dégradés allant du rouge au bleu. Ses caricatures sont expressives, à défaut d’être toujours reconnaissables. Gros bémol, « La fortune de Poutine » souffre d’un manque criant de rythme, composé pratiquement que de longues séquences de discussions – parfois complexes vu le sujet et le nombre de protagonistes plus ou moins éphémères – dans des salons ou des bureaux ou lors de dîners chics.

Dessinateur: Gildas Java – Scénariste: Yvonnick Denoël – Editeur: Nouveau Monde éditions – Prix: 22,90 euros.

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