LA DISPARITION DE JOSEF MENGELE
L’adaptation réussie du Prix Renaudot 2017 sur la fuite et la traque du terrifiant médecin tortionnaire d’Auschwitz.
Qu’a fait Joseph Mengele après la défaite de l’Allemagne jusqu’à sa mort sur une plage près de Sao Paulo en 1979? Le roman d’Olivier Guez, Prix Renaudot 2017, démarrait en 1949 lorsque le médecin tortionnaire d’Auschwitz embarque clandestinement pour Buenos Aires. L’adaptation en bande dessinée signée Matz et Jörg Mailliet fait de même.
L’histoire raconte ainsi 30 ans de traque de l’Argentine au Brésil en passant par le Paraguay, passant d’une identité à une autre. Ou comment les anciens nazis ont d’abord mené grand train sous la protection du régime de Péron avant d’être rattrapés par la menace des agents du Mossad.
On ne s’apitoyera pas sur le sort de Mengele, un nazi convaincu qui jusqu’à sa mort a continué de défendre l’idéologie du IIIe Reich et les horreurs auxquelles il a lui-même activement participé. Ni son errance, ni sa solitude, ni sa déchéance ne trouveront grâce à nos yeux. Même à bout de souffle, Mengele sera pour toujours un monstre.
Mais le récit au trait semi-réaliste est une réussite. Les auteurs se basent sur ce que l’on connait de l’exil de Mengele mais entrent aussi dans sa tête, le font parler, mettent en scène son sentiment de déclassement, sa peur et ses hallucinations paranoïaques. De courts flashbacks habilement disséminés dans le récit insistent sur la différence entre l’homme diminué et le médecin respecté et craint qui se postait à l’arrivée des trains pour trouver des cobayes intéressants. On découvre aussi sa famille restée en Allemagne, de riches industriels qui continueront longtemps de soutenir financièrement ce fuyard encombrant ou son fils Rolf qui lui finira par couper les ponts face à l’absence de regrets de son père.
Dessinateur: Jörg Mailliet – Scénario: Matz, d’après l’oeuvre de Guez – Editeur: Les Arènes BD – Prix: 24,90 euros.