CHEN, LES ENFANTS PERDUS

Dans une société chinoise hors de contrôle en pénurie de femmes, Chen cherche sa soeur enlevée par des trafiquants. Spectaculaire et prenant.

Dans une Chine de fin de XXIe siècle, les errances des politiques natalistes successives ont conduit à une situation dramatique: les femmes ne représentant plus que moins de 1% de la population, elles sont devenues des marchandises qu’on s’arrache à prix d’or et donc victimes d’enlèvements et de trafics. Piao, 7 ans, est l’une d’elles. Mais son grand frère Chen refuse de l’abandonner et part à sa recherche.
A partir d’une réalité – le déficit de femmes en Chine ou en Inde -, Aurélien Ducoudray (« Kidz », « Amazing Grace ») construit un scénario d’anticipation glaçant mais plausible qui monte crescendo dans l’horreur au fil des 200 pages de l’album et de la quête sordide de Chen au coeur d’une société hors de contrôle. Des combats à mort sur le ring aux milices de combattantes féministes radicales en passant par les mères porteuses à la chaîne ou la prostitution masculine, les scènes dessinées d’un trait sans concession par Antoine Dodé (« The crow curare ») nous sautent à la figure sans qu’on s’y attende et prennent aux tripes. Une violence spectaculaire mais loin d’être gratuite au vu de la cohérence sociale et politique du propos.
Deux petits regrets tout de même: une conclusion en deçà du reste, un peu vite expédiée et un peu trop pratique, ainsi que de nombreuses coquilles dans les textes qu’une relecture attentive aurait permis d’éviter.

Dessinateur: Antoine Dodé – Scénariste: Aurélien Ducoudray – Éditeur: Glénat – Prix: 29 euros.

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