Festival BD d’Angoulême 2023: le palmarès dévoilé

12 Fauves d’Angoulême ont été remis. « La couleur des choses » de Martin Panchaud a reçu celui du Meilleur album. Ont également été remis le Prix Philippe Druillet, les Prix René Goscinny et le Prix Konishi.

Le Palmarès Officiel de la 50e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême a été dévoilé. Au cours de cette cérémonie, animée par Olivia Gesbert (France Culture), 12 prix baptisés les Fauves d’Angoulême ont été remis. Le Palmarès officiel met à l’honneur des œuvres publiées en langue française, quel que soit le pays d’origine, et diffusées dans les librairies francophones entre le 1er décembre 2021 et le 30 novembre 2022.
À l’occasion de cette édition anniversaire, ont également été décernés un Fauve Spécial de la 50e édition à Hajime Isayama et des Fauves d’honneur aux mangakas Junji Itō et Ryōichi Ikegami.

FAUVE D’OR – MEILLEUR ALBUM: « La couleur des choses » de Martin Panchaud (Çà et Là).
Simon mise les économies familiales lors d’une course hippique et gagne un gros lot qu’il ne peut encaisser. Entre-temps, sa mère est tombée dans le coma et son père a disparu. Ce récit d’apprentissage, qui voit un ado anglais jusque-là timoré partir à la recherche de son père, se distingue par sa forme novatrice. Les personnages y sont des cercles colorés et les décors, des cartes.

FAUVE SPÉCIAL DU JURY (une œuvre qui a particulièrement marqué le jury par sa narration, son esthétique et l’originalité de ses choix): « Animan » par Anouk Ricard (Exemplaire).
En hommage amusé à « Manimal » qu’elle regardait à l’adolescence, l’autrice bien connue d’ »Anna et Froga » relate la vie de Francis qui, comme dans la minisérie télé américaine, se transforme en animal pour mener à bien ses enquêtes. Constitué de récits courts entrecoupés de peintures, « Animan » pratique un mélange des genres assez unique, entre humour, polar, superhéros et chronique familiale.

FAUVE DE LA SÉRIE (une œuvre destinée à être publiée sur plus de trois volumes, quelle que soit sa longueur totale): « Les Liens du sang T.11 » de Shuzo Oshimi – Traduction de Sébastien Ludmann (Ki-oon).
Quelle est la frontière entre l’amour fou et la folie ? Si la vie quotidienne de Seiichi peut paraître banale, le jeune garçon est en réalité prisonnier de l’affection démesurée que lui voue sa mère et qui l’emprisonne à la manière d’un insecte pris dans la toile d’une araignée… Une ambiance étouffante au service d’une intrigue subtile qui montre que l’amour peut être parfois toxique.

FAUVE RÉVÉLATION (l’album d’un auteur ou d’une autrice en début de parcours et qui a publié trois albums maximum en tant que professionnel): « Une rainette en automne (et plus encore…) » par Linnea Sterte – Traduction par Astrid Boitel (Les Éditions de la Cerise).
Le jour où une petite grenouille rencontre deux crapauds vagabonds qui ont capturé le fantôme d’une fleur, elle décide de partir vers le sud avec eux. En chemin, elle croisera les animaux les plus divers et découvrira la vie, tout simplement. Un conte enchanteur et poétique, magnifié par un trait léger et délicat, qui fait écho aux univers graphiques de Moebius et Miyazaki.


FAUVE PRIX PATRIMOINE (une œuvre appartenant à l’histoire mondiale du 9e art, ainsi que le travail éditorial ayant permis de la redécouvrir): « Fleurs de Pierre » par Hisashi Sakaguchi – Traduction d’Ilan Nguyen (Revival).
Réédition d’un classique du manga qui prend pour cadre la Yougoslavie de 1941 livrée aux exactions nazies, et dont les héros sont deux enfants en butte aux horreurs de la guerre. Publié en France en 1997, « Fleurs de pierre » est proposé dans une version fidèle à l’œuvre d’origine, grâce à une édition intégrale en cinq volumes agrémentée d’une nouvelle traduction.

FAUVE POLAR SNCF (un polar en bande dessinée, que celui-ci soit une création originale ou l’adaptation d’une œuvre littéraire): « Hound Dog » par Nicolas Pegon (Denoël Graphic).
Un jour, deux copains de beuverie se retrouvent avec un chien sur les bras. Problème : son propriétaire est mort. Ils décident de partir à la recherche de ses proches pour leur refiler l’animal. Mais à force de poser des questions, on peut s’attirer de gros ennuis… Sous l’ombre tutélaire d’Elvis Presley, un polar d’atmosphère servi par des aplats de couleur au climat envoûtant.


FAUVE DES LYCÉENS: « Khat » par Ximo Abadía – Traduction d’Anne Calmels et David Schalvelzon (La Joie de lire).
Natan, un jeune garçon originaire d’Érythrée, décide de quitter sa terre africaine pour trouver refuge en Europe. Avec des centaines d’autres migrants qui, tout comme lui, ont fui la misère et la faim, il arrive en Espagne. Un bel album aux couleurs éblouissantes, qui témoigne avec justesse du quotidien de ces milliers de migrants qui ont tout abandonné pour vivre une nouvelle vie.


FAUVE JEUNESSE: « La longue marche des dindes » par Leonie Bischoff – Kathleen Karr (Rue de Sèvres).
En plein ouest américain, le jeune Simon se met en tête de conduire un troupeau d’un millier de dindes vers la grande cité de Denver. Une longue route pleine de rencontres et de dangers, et aussi une occasion de grandir et de trouver sa voie. Cette adaptation solaire du roman de Kathleen Karr prône, avec finesse, l’affirmation de soi et l’ouverture aux autres.


FAUVE SPECIAL DU GRAND JURY JEUNESSE: « Toutes les princesses meurent après minuit » par Quentin Zuttion (Le Lombard).
Alors que la princesse Diana vient de mourir à Paris et que les grandes vacances s’achèvent, tout se joue dans le jardin d’une zone pavillonnaire : Lulu, 8 ans, est amoureux de son blondinet de voisin ; sa grande sœur vit un chagrin d’ado romantique ; et leurs parents se séparent. Trois histoires d’amour contrariées, pour trois âges de la vie, dans la moiteur d’une dernière journée d’été.


FAUVE – PRIX DU PUBLIC FRANCE TÉLÉVISIONS: « Naphtaline » par Sole Otero – Traduction d’Éloïse de la Maison (Çà et Là).
En 2001, Rocío s’installe dans la maison de sa grand-mère qui vient de mourir. Commence alors pour la jeune femme un travail de questionnement personnel qui l’amène à revoir l’histoire de son aïeule et celle de sa famille. Mais aussi celle de son pays, l’Argentine, et de son modèle patriarcal. En partie autobiographique, « Naphtaline » est le septième album d’une autrice qui réside aujourd’hui en France.


ÉCO-FAUVE RAJA (un album traitant des enjeux écologiques et de développement durable): « Sous le soleil » par Ana Penyas – Traduction de Benoît Mitaine (Actes Sud L’An 2). En évoquant l’histoire d’une famille à travers trois générations, Ana Penyas met en lumière les ravages de la politique touristique espagnole menée depuis 1969 et ses conséquences dramatiques sur la ville de Valence, victime de la disparition de ses activités traditionnelles, de la bétonisation de son littoral, de la spéculation foncière et des excès du tourisme de masse.


FAUVE DE LA BANDE DESSINÉE ALTERNATIVE (meilleure publication non-professionnelle, sans distinction d’origine géographique ou de périodicité): « Forn de Calç » (Extinció Edicions, Espagne).

Ont également été remis ce soir le Prix Philippe Druillet, les Prix René Goscinny – Prix du Meilleur Scénario et Prix René Goscinny – Prix du Jeune Scénariste, et le Prix Konishi pour la traduction de manga japonais en français.

PRIX PHILIPPE DRUILLET (distingue des scénaristes ou dessinateurs de bande dessinée ayant publié au maximum 3 albums): « La Falaise » par Manon Debaye (Sarbacane).
Deux filles, un serment… L’une est aussi blonde, douce et rêveuse, que l’autre est brune, violente et en colère. La famille de l’une est aussi riche et équilibrée, que la famille de l’autre est brisée et dysfonctionnelle. Au collège, quand l’une est plongée corps et âme dans ses lectures ou dans l’écriture d’histoires merveilleuses, l’autre harcèle, insulte et frappe avec la Bande qui l’accepte car elle n’est pas une « vraie fille ». Tout les oppose. Tout sauf la falaise où elles se retrouvent chaque jour en cachette et le serment de sang qu’elles y ont fait de ne pas survivre à leurs 13 ans. Vendredi, avant midi, Astrid et Charlie sauteront-elles dans le vide ou sauront-elles faire face à leurs sentiments et sauter le pas qui les sépare ?

PRIX KONISHI (la meilleure traduction en français d’un manga japonais): Sylvain Chollet pour la traduction de « Dai Dark – Tome 1 » (Q Hayashida/Éditions Soleil).
Sanko Zaha, un ado qui adore les spaghettis, voyage dans les ténèbres de l’espace infini. On raconte que ses os exauceraient n’importe quel souhait. C’est pourquoi les pires malfrats de l’univers veulent lui faire la peau ! Heureusement, toujours accompagné d’Avakian, son fidèle compère, il n’hésitera pas à désosser gaiement tous ses assaillants.

PRIX RENÉ GOSCINNY – MEILLEUR SCÉNARISTE: Thierry Smolderen pour « Cauchemars ex Machina ». Dessin de Jorge González (Dargaud).
Paris, 1991. Un matin de septembre, un vieil écrivain de romans à suspense est tué dans son bureau fermé à clé. Pour éclaircir cette énigme, il faut remonter à l’automne 1938 et au dîner-mystère qu’un amateur allemand organise cette année-là, afin de célébrer ses auteurs favoris. C’est là que Margery Allingham, grande dame du roman policier anglais, va croiser la route du jeune Corneille Richelin (qui s’inspire de ses cauchemars pour écrire des suspenses haletants), et celle du baron von Richtenback, proche des hautes sphères de l’Allemagne nazie. Personne ne le sait encore, mais les pièces sont posées sur l’échiquier…

PRIX RENÉ GOSCINNY – JEUNE SCÉNARISTE: Mieke Versyp pour « Peau ». Dessin de Sabien Clément – Traduction de Françoise Antoine (Çà et Là).
« Peau » est une histoire de corps et de mise à nu. Un récit sur le vieillissement, la maternité, l’idéal de beauté, la soif de perfection et l’impact du temps. Sur les cicatrices, la honte, la fierté, la sexualité, l’intimité. Et sur la vie. Premier roman graphique belge – et flamand – publié aux éditions çà et là, Peau est un beau roman graphique aux illustrations et aux couleurs douces et délicates, et un superbe portrait de femmes liées par une amitié d’abord ténue, qui devient progressivement essentielle.

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