Toru Terada: « c’était l’excitation totale »

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Le dessinateur japonais du « Petit monde » participe à son premier festival d’Angoulême. Et goûte juste le bonheur d’avoir réalisé sa première BD.

Découvert avec le premier tome du « Petit monde » – « Vamos, vamos! » – paru chez Delcourt en octobre dernier, Toru Terada découvre Angoulême. Sur une colline surplombée de superbes villas et ceinturée par une autoroute vit Kumiko, petite fille riche. En contrebas de l’autoroute, se trouve le « petit monde », un sordide bidonville où survit Piedra, orphelin et chef d’une bande de gamins des rues. « Le petit monde » raconte l’improbable rencontre de deux adolescents que tout oppose.

Terada est accompagné de sa traductrice car il ne parle pas anglais ou français. D’ailleurs il ne parle pas beaucoup de manière générale, aussi vient-il avec sa femme qui l’aidera à répondre, nous prévient-on. A 39 ans, ce grand timide qui se soigne affronte sa notoriété naissante.

vamos1.jpgC’est la première fois que vous venez à Angoulême?

Oui. Je ne m’attendais pas à ce que le festival soit aussi grand!! Au Japon, il n’y a pas de salons de cette taille pour les mangas commerciaux. Ils sont réservés aux mangas amateurs, aux fanzines.

Ca vous plaît?

Comme visiteur oui. Mais là je suis un peu tendu…

On ne vous connaît pas en France, quel a été votre parcours?

Jusqu’à maintenant, j’ai travaillé surtout comme illustrateur pour des couvertures de magazines et de romans. Je suis monté à Tokyo pour devenir mangaka et j’ai travaillé comme assistant d’un mangaka (Atsuji Kamijo connu en France pour « Next stop »). J’ai alors compris que j’aimais beaucoup le dessin et je me suis orienté vers l’illustration plutôt que le manga. Dans le milieu du manga, il est impossible de travailler avec un dessin aussi raffiné que dans la bande dessinée.

« Le petit monde » est donc votre première BD. Il s’agit d’une des premières séries de la collection Cosmo dont le mort d’ordre est « A bas les frontières ». Comment ce projet est-il né?

Cette expérience a démarré lorsque j’ai confié des dessins à un éditeur que je connaissais. A cette époque Morvan cherchait justement un dessinateur japonais pour son projet et il est entré en contact avec cet éditeur notamment. Ca lui a plu. J’ai commencé à travailler sur les planches avant de rencontrer Morvan. Ensuite on se voyait quand il venait au Japon. Mais en fait on a surtout travaillé par internet.

Petit-monde3.jpgLe projet vous a plu d’emblée?

J’ai tout de suite adhéré. Je me suis dit: « il faut que je le fasse!! », c’était une bonne opportunité de faire autre chose tout en me concentrant sur le dessin. Quand j’ai vu le résultat, c’était l’excitation totale, c’était un rêve. Pourtant j’avais bien l’album entre les mains.

La manière de travailler au Japon et en France est totalement différente. Avez-vous rencontré des difficultés particulières?

La seule difficulté était la langue mais une fois que le scénario a été traduit, je suis entré tout de suite dans l’univers. Sinon, aucun problème.

Avez-vous l’impression d’avoir fait un album plus européen ou plus japonais?

Je considère « Le petit monde » comme une oeuvre européenne. Bien sûr, je suis Japonais et je lis des mangas mais je n’ai pas l’impression d’avoir été influencé par le manga.

Pourtant l’influence japonaise est visible à chaque planche, notamment dans le dynamisme des traits, l’impression de vitesse qui se dégage des cases.

Je ne l’avais pas remarqué!

De plus en plus de jeunes auteurs européens adoptent un style influencé du manga, que pensez-vous de ce métissage?

Je ne comprends pas le français mais c’est vrai que j’ai remarqué parfois des similitudes avec le dessin japonais dans les traits des personnages. Je ne suis pas spécialement content de ce métissage, je suis juste heureux de voir de bonnes bandes dessinées.

Cet album pourrait avoir du succès au Japon à votre avis?

C’est sûr que les Japonais vont en parler… mais je ne suis pas sûr du tout que cela plaise. Vous savez au Japon, on ne sait jamais ce qui va marcher, on ne peut pas imaginer quoi que ce soit. D’ailleurs, il y a très peu de bandes dessinées.

Quels sont vos projets?

D’abord avant de réfléchir à l’avenir, je préfère me concentrer sur le deuxième tome du « Petit monde » qui doit normalement paraître cette année. Je n’ai pas de projet pour l’instant mais j’ai très envie de continuer dans la bande dessinée.

Fin de l’interview. Toru Terada pousse un grand soupir de soulagement…

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