Renaud Garreta: «Je suis un petit surfeur passionné»

Sur un scénario du journaliste Alain Gardinier, Renaud Garreta a enfin pu dessiner un album sur sa grande passion. «Hippie Surf Satori» raconte la culture surf de la fin des années 60 avec une précision documentaire et évidemment de superbes vagues.

C’est vous qui avez proposé à Alain Gardinier d’écrire un scénario autour du surf. D’où est née cette envie? C’est davantage une passion pour le surf ou une envie de dessiner du surf?
Renaud Garreta. J’ai en effet proposé à Alain de faire un album ensemble autour du surf. Étant passionné de surf depuis toujours et surfeur moi-même, j’ai ce projet en tête depuis une bonne vingtaine d’années. Comme les albums se sont enchaînés au fil des ans, me consacrer à ce sujet a pris un peu plus de temps que prévu. Je ne voyais vraiment pas qui d’autre qu’Alain pour en écrire le scénario. J’ai lu pratiquement tout ce qu’il a écrit sur le sujet alors ça tombait sous le sens pour moi de lui proposer cette aventure. Nous nous sommes bien entendu tout de suite. En tout cas, je suis très fier d’avoir pu travailler avec lui.

Vous êtes né à Brest et vivez aujourd’hui à Saint-Tropez. Est-ce une coïncidence d’être toujours au bord de l’eau?
R.G.
Être près de la mer est très primordial pour moi, car c’est là que je me sens le mieux. Je suis né à Brest mais je n’y ai jamais vécu. J’ai longtemps habité à Paris et la mer m’a beaucoup manqué durant cette période. J’y allais dès que je pouvais. J’aime tout ce qui s’y rattache : naviguer, nager, glisser, surfer ou tout simplement la regarder. J’ai la chance d’avoir une maison sur la presqu’île de Crozon au bout de la Bretagne entre Brest et Quimper. J’y vais depuis que je suis né. C’est là que j’ai surfé mes premières vagues au début des années 80. À l’époque, nous n’étions pas très nombreux à l’eau. Il faut reconnaître que ça a bien changé depuis… Saint-Tropez, j’y vis depuis vingt ans. Ce n’est pas la même mer mais elle a aussi ses bons côtés, moins pour le surf, c’est sûr, mais je la vois quand même tous les matins alors on ne va pas se plaindre (sourire).

Est-ce difficile de dessiner des surfeurs?
R.G.
J’ai un dessin assez réaliste et j’utilise de fait pas mal de documentation et de photos surtout sur cet album où nous retrouvons pas mal de personnages existants ou ayant existé. Après, la mer n’est jamais facile à dessiner même si j’ai déjà fait plusieurs albums sur la voile et notamment le Vendée Globe. Là, c’était un peu différent, j’ai essayé de bien rendre compte des vagues, car ce n’est pas tout à fait les mêmes volumes ou les mêmes lumières que la haute mer.

C’est important d’avoir surfé pour pouvoir en dessiner?
R.G.
Ça m’a peut-être un peu aidé pour les attitudes, même si je ne connaîtrai jamais l’ivresse des grosses vagues. Je ne suis qu’un tout petit surfeur, passionné, certes, mais vraiment amateur.

«Hippie Surf Satori» est très précis sur l’histoire du surf à la fin des années 60. Cela vous a demandé un gros travail de documentation? Vous vous êtes déplacé sur certains endroits?
R.G.
Alain connaît vraiment l’histoire du surf sur le bout des doigts beaucoup mieux que moi. Il a rencontré ou connaît la plupart des personnages cités ou représentés dans l’album, alors je me suis laissé guider. Après pour les spots, tous les surfeurs un peu passionnés connaissent les lieux mythiques et les spots légendaires. Je regarde les vidéos de surf que je trouve, qu’elles soient anciennes ou récentes, je suis les différentes compétitions et j’ai quand même la chance d’avoir surfé certains de ces spots. Alors, pour la plupart, je vois à quoi ils ressemblent, et pour les autres, je ne désespère pas de pouvoir m’y rendre un jour.


Certains de vos dessins et notamment des visages paraissent presque photographiques…
R.G.
Je travaille effectivement beaucoup d’après photos. Encore une fois, s’il faut dessiner Jerry Lopez, Jimi Hendrix ou Santana, il faut autant que possible que ce soit ressemblant. J’ai repris aussi quelques images marquantes de l’époque, sorte de petits clins d’œil pour ceux qui connaissent…

En plus du surf, cet album évoque aussi le rock psychédélique et plus largement la vague hippie des sixties. C’est une période très marquée esthétiquement et donc idéale pour un dessinateur?
R.G.
J’ai toujours aimé cette époque. Je n’avais que cinq ans en 1969, alors je ne peux pas dire les avoir vraiment connues, mais je reste attaché à ces années pour l’ambiance, les bagnoles, les looks improbables, la musique, la libération sexuelle, les revendications sociétales,… Ça bougeait de partout et ça avait l’air quand même bien fun ! Les gens voulaient changer le monde et croyaient que c’était possible. Et pour la musique, quelle période incroyable également. Je n’ai pas beaucoup évolué depuis puisque ce sont toujours les disques de ces années-là qui tournent encore le plus souvent sur ma platine aujourd’hui !

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

«Hippie Surf Satori» par Renaud Garreta et Alain Gardinier. Glénat. 22,50 euros.


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