Jérôme Eho : «Le mythe fondateur de Lupin»

Remis au goût du jour par la série de Netflix, Arsène Lupin retrouve également une seconde jeunesse en bande dessinée. Jérôme Eho et Michaël Minerbe ont choisi de raconter les jeunes années du gentleman cambrioleur en adaptant «La Comtesse de Cagliostro». Une chasse au trésor trépidante au ton résolument moderne.

Pourquoi Arsène Lupin?
Jérôme Eho.
Ce projet est né de ma passion de longue date pour les romans populaires du début du XXe siècle, avec ses premiers héros, Sherlock Holmes, Lavarède, Lord Lister, le Nyctalope et bien sûr le héros de Maurice Leblanc. Il y a eu aussi ma longue amitié avec mon comparse Jérôme Félix, lui aussi passionné par ce type de littérature qui a fait de nous des auteurs de BD.


«La Comtesse de Cagliostro» est chronologiquement la première aventure d’Arsène Lupin. Qu’est-ce qui vous intéressait dans ce roman?
J.E.
Alors que Jérôme Félix se penche sur la destinée d’un Lupin vieillissant et désabusé, j’avais envie de conter les jeunes années de notre héros. De ce qui en a fait le mythe fondateur et de mettre en exergue ses blessures intimes, son rapport aux autres et en particulier aux femmes.

Avec son personnage féminin de premier plan, « La Comtesse de Cagliostro » est très moderne. Ça a aussi compté pour vous?
J.E.
Tout à fait, La comtesse, dans le roman de Maurice Leblanc est une aventurière vénéneuse et en même temps une femme fragile et dépendante. Un siècle est passé depuis la publication du roman. Il m’a donc fallu recoder sa relation avec Lupin, car le monde a bien évolué depuis les années 1900. Dans la BD, la Cagliostro est une héroïne à part entière.

Certains ne connaissent Lupin que via la série de Netflix. Il est important de leur faire découvrir le «vrai» gentleman cambrioleur?
J.E.
C’est l’occasion ou jamais, avec Lupin, de faire vivre notre patrimoine. Lupin mérite la même place que Sherlock Holmes, et la modernité de l’œuvre de Maurice Leblanc, met son héros sur la même ligne qu’Hercule Poirot, Miss Marple, Bob Morane ou Fantômas. Ce héros a fait, fait et fera rêver encore longtemps des générations de lecteurs. Tant mieux si la BD ou les série TV peuvent aider en ce sens.


Vous êtes dessinateur. Pourquoi ne pas l’avoir dessiné vous-même?
J.E.
Michaël était déjà aux manettes avec le premier tome, « L’aiguille Creuse », et son travail est très intéressant. J’avais dès le départ suivi l’élaboration de cet album écrit par Jérôme Félix. Prendre la suite, c’était jouer sur du velours, tant était déjà imprégnée la patte Lupin. Je me suis concentré sur les dialogues et j’ai essayé de proposer un découpage original.

Justement, le découpage de certaines pages est original avec de grands dessins découpés en plusieurs cases. Est-ce une façon d’être aussi ingénieux que votre héros?
J.E.
Aussi ingénieux que Lupin ?! Diable, cela va être difficile. Quand j’écris un scénario, je vois défiler le film de l’aventure et je raisonne comme si j’étais derrière la caméra. Je donne au dessinateur un storyboard avec les cadrages. Michaël a joué le jeu en respectant scrupuleusement ce dernier.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

«La Jeunesse d’Arsène Lupin – Cagliostro» par Jérôme Eho et Michaël Minerbe. Bamboo. 16,90 euros.

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