SI J’ÉTAIS UNE FEMME JE M’ÉPOUSERAIS

A la suite d’une rupture amoureuse, Sfar va mal et ne peut plus dessiner. Près de 350 pages d’un roman graphique parlant de ses séances avec sa psy et de ses mille et un tourments intérieurs. Un peu lourd.

Bien que de plus en plus courue en bande dessinée, l’autobiographie n’est pas un genre facile, le récit se devant d’être un minimum construit, sans tomber dans l’anecdotique, et de provoquer l’empathie chez le lecteur, ou tout au moins une certaine connivence. Après ses deux précédents carnets « Si Dieu existe » et « Je t’aime ma chatte », parus l’année dernière chez Delcourt, Joann Sfar a choisi de raconter ici six mois d’une psychanalyse entamée à la suite d’une douloureuse rupture amoureuse. Raconter ou, plutôt, se raconter : sa douleur, ses faiblesses, ses fantasmes, la perte de sa mère lorsqu’il était enfant, son impossibilité subite à créer… L’auteur du « Chat du rabbin » se livre au lecteur qui se retrouve ainsi ainsi témoin de ses pensées les plus intimes.

Si l’on ne doute pas de la sincérité du propos, ni de l’intelligence de l’analyse, « Si j’étais une femme, je m’épouserais » laisse une impression des plus mitigées. D’abord parce que ce roman graphique au titre un brin provocateur est un pavé de pas moins de 342 pages dont on avoue qu’on a passé quelques passages parfois, frôlant l’overdose face au nombrilisme assumé et aux lamentations de l’auteur. Ensuite parce que l’ouvrage propose de jolis croquis mais aussi d’autres nettement moins soignés. Enfin parce que les réactions de Sfar et de son entourage (vu à travers lui forcément…) par rapport à cette histoire d’amour qui finit mal provoquent une certaine forme de malaise: que penser en effet de la manière sexiste dont la jeune femme est décrite tout au long de l’album? Une « conne », une « sotte » voire une « pute », qui ne cesse pourtant de recevoir une vague continue de messages et de dessins de la part d’un Sfar à la limite du harceleur…

Dessin et scénario : Joann Sfar – Editeur : Marabout – Prix : 19,90 euros.

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