RIVER’S EDGE
Sexe, anorexie, violence, drogue, le quotidien de trois lycéens à la dérive qui se raccrochent à un cadavre découvert dans un terrain vague. Une chronique forte d’une mangaka qui ne cesse de surprendre.
Nouveau récit de Kyôko Okazaki publié en France après les remarqués « Pink » et « Helter Skelter », « River’s Edge » s’intéresse à de nouveaux personnages perturbés, mal dans leur peau. Il ne s’agit plus des portraits d’une prostituée ou d’une top-model entièrement passée sous le bistouri mais de trois adolescents au même comportement auto-destructeur: Haruna qui se force à rester avec un petit ami violent qu’elle n’aime pas; Yamada, un jeune homosexuel qui accepte de se faire humilier par ses camarades; et Kozue, une mannequin anorexique qui se force à vomir. Trois jeunes très différents mais qu’une curieuse découverte va réunir: celle d’un cadavre, abandonné dans un terrain vague.
Les mangas de Kyôko Okazaki sont reconnaissables entre mille. Il y a d’abord ce dessin peu travaillé avec des visages aux traits simplistes mais capables de faire passer une foule d’émotions. Il y a surtout cette capacité qu’à la mangaka à nous plonger dans un atmosphère quelque peu malsaine, un univers dans lequel les personnages peu sympathiques mais profondément humains évoluent en permanence sur une corde raide, où le sexe – montré sans tabou – ne rime pas avec amour ou tendresse.
Plus sombre que « Pink », à peine moins original que « Helter Skelter » (et encore… car est-il tout à fait banal de considérer un cadavre comme un « trésor » à protéger?), « River’s Edge »ne dépareille pas dans l’oeuvre de Kyôko Okazaki, d’autant qu’un grave accident de voiture l’a depuis amenée à suspendre ses activités.