PUISQU’IL FAUT DES HOMMES
En 1961, Joseph revient du front algérien. Il est ostracisé dans son village, considéré comme un planqué. Le difficile retour du soldat à la vie civile, sous un angle inédit et intéressant.
1961, Joseph revient dans son village après plusieurs mois passés sous les drapeaux français dans la guerre d’Algérie. Mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est pas accueilli à bras ouverts: son père le rend responsable du grave accident de tracteur de son frère qui a eu lieu durant son absence, sa petite-amie va se marier avec un autre, et les villageois le méprisent parce que « planqué » dans un bureau à Alger plutôt que sur le front…
Près de 60 ans après la fin de la guerre d’Algérie, Philippe Pelaez, dont le propre père a participé au conflit, a choisi de traiter un sujet toujours sensible aujourd’hui. Ce one-shot au trait semi-réaliste s’intéresse néanmoins davantage à l’après et à une question longtemps ignorée du grand public: le trouble de stress post-traumatique (TSPT) touchant les soldats revenant du front – un dossier documenté est d’ailleurs consacré au sujet en fin d’album – mais également le sacrifice en général. L’angle est donc intéressant, d’abord surtout suggéré, le scénariste axant au départ l’intrigue sur l’ostracisation de Joseph par le village entier. On n’évite pas une certaine stéréotypie des personnages mais le choix narratif s’avère finalement malin, embarquant le lecteur sur de fausses pistes et accentuant l’effet de surprise lorsque le secret de Joseph est révélé.
Dessinateur: Victor Lorenzo Pinel – Scénariste: Philippe Pelaez – Editeur: Bamboo, collection Grand Angle – Prix: 15,90 euros.