DANS MON VILLAGE ON MANGEAIT DES CHATS

Le portrait d’un adolescent qui choisit de prendre sa revanche sur la vie en se lançant dans le crime organisé. Un thriller assez efficace.

Jacques Pujol a le regard dur de celui qui depuis des années est livré à lui-même, voit défiler les hommes dans la chambre de sa mère et endure les coups de son père alcoolique. Lorsqu’il découvre que les fameux pâtés du boucher Charon – et maire – du village sont fabriqués à base de viande de chat, c’est avec le même regard et des « miaou » accusateurs qu’il se plante régulièrement devant Charon. Jusqu’à ce que ce dernier décide de se débarrasser de ce gamin trop curieux… 
Si l’histoire du pâté de chat donne son titre intrigant au one-shot, cela n’en est pas le sujet principal. Plutôt le déclencheur. Car quand on est né sous une mauvaise étoile, que la violence est depuis toujours son quotidien, soit on se laisse couler, soit on tente de s’en sortir avec les seules armes que l’on a: la violence. Et en l’occurrence pour Jacques, son intelligence et son machiavélisme en plus.
« Dans mon village on mangeait les chats » est donc un thriller assez prenant sur le parcours initiatique d’un gamin dans le crime organisé, la naissance d’un criminel, dans les années 70. Un parcours bien glauque à la sauce polar pour lequel Philippe Pelaez (« Puisqu’il faut des hommes », « Un peu de tarte aux épinards ») a privilégié la narration à la première personne en voix off tandis que la colorisation brune de Porcel (« Bouffon », « Les folies Bergère », « Les mentors ») colle avec ce plongeon dans le huis-clos familial sordide, les années passées dans les Institutions spécialisées d’éducation surveillée (Ises) et le monde sans pitié de la mafia.

Dessinateur: Francis Porcel – Scénariste: Philippe Pelaez – Editeur: Grand Angle – Prix: 16,90 euros.

Share