PLEIN CIEL
Le suicide d’un vieil homme bouleverse tous les habitants de l’immeuble. Un récit choral qui séduit plus par son côté feel-good que par son scénario.
Plein ciel, c’est le nom d’une tour de 22 étages sortie de terre dans les années soixante comme tant d’autres, avec des résidents installés depuis longtemps qui se connaissent tous. Alors quand Emile, 78 ans, se suicide en se défenestrant du 17e étage, c’est l’émoi et l’incompréhension. Comment expliquer l’acte désespéré du septuagénaire?
Le scénario pouvait raconter un drame de la solitude, pouvait être une charge contre la vie moderne déshumanisée. Il n’en est rien. Pierre-Roland Saint-Dizier, qui s’est inspiré de ses souvenirs d’enfance dans une barre d’immeuble de Mulhouse et d’anciens voisins, a surtout eu envie de mettre en scène cette véritable microsociété avec ses rituels, ses codes, ses évènements du quotidien, ses relations de solidarité ou d’amitié, comme dans « un petit village à la verticale » en somme.
La mort d’Emile n’est finalement qu’un prétexte et si l’on peut peut trouver le scénario un peu trop simple, l’atmosphère qui se dégage de ce récit choral fait du bien. Empreint d’une certaine nostalgie, il laisse passer les émotions avec des personnages attachants, au rendu expressif grâce au trait vif de Michaël Crosa. Souvent, le dessinateur se sert des cases – sur des doubles pages même – pour représenter les pièces des appartements, petits, superposés les uns sur les autres. Un peu comme un voyeur à l’extérieur regardant par la fenêtre, le lecteur découvre ainsi des intérieurs variés aux décors soignés et détaillés et des habitants vaquant à leurs occupations quotidiennes… Un feel-good dans les quartiers qui porte un regard différent sur les grands ensembles, au-delà des clichés.
Dessinateur: Michaël Crosa – Scénariste: Pierre-Roland Saint-Dizier – Editeur: Ankama – Prix: 16,90 euros.