L’OURS DE CEAUSESCU

Des tranches de vie de Roumains lambda réunis sans explication dans une pièce. Une parabole originale et intelligente de la Roumanie sous Ceausescu.

Comment mettre en scène le quotidien des Roumains sous le régime totalitaire de Ceausescu dans les années 80? Comment donner à voir par le petit bout de la lorgnette la fin du couple de dictateurs, condamné à mort et exécuté le 25 décembre 1989 devant les caméras par un tribunal autoproclamé à la suite d’un procès expéditif?
Aurélien Ducoudray (« Chen, les enfants perdus », « Betty Hunter ») a trouvé un moyen original, en dressant le portrait de sept personnages lambda, enfermés sans explication dans une même pièce: une jeune femme qui enfant s’était vengée de sa maîtresse; un étudiant échouant au recrutement de la Securitate après un test de vocabulaire coton; un écrivain dont la machine à écrire remplace étrangement le point d’exclamation par un point d’interrogation; etc.
En tout, sept parcours individuels différents, sept tableaux loufoques et tragi-comiques basés sur des anecdotes de l’époque (l’incroyable collection de chaussures d’Elena Ceausescu, l’enregistrement et le contrôle obligatoires des machines à écrire, les drôles de parties de chasse du dictateur) dont on ne saisit le sens véritable qu’au dernier moment. C’est plutôt fin, intelligent, drôle tandis que le dessin réaliste à tendance caricaturale de Gaël Henry et la colorisation tristounette de Paule Bona sont bien dans le ton.

Dessinateur: Gaël Henry – Scénariste: Aurélien Ducoudray – Editeur: Steinkis – Prix: 20 euros.

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