MURENA – Tome 5. La déesse noire

Une femme masquée a osé gagner contre Néron à une course de chars. Qui est-elle, que veut-elle? « La Déesse noire » ouvre un nouveau cycle à cette superbe série prenant pour cadre la Rome antique. Passionnant.

Dans la Rome antique, les femmes sont superbes, puissantes et… dangereuses. Le cycle précédent, centré autour d’Agrippine la mère de Néron, s’est achevé avec le 4e tome. Ce 5e tome ouvre un nouveau cycle, celui de l’épouse, Poppée, qui a remplacé Acté dans le coeur de Néron. Quatre tomes sont prévus.

Nous sommes au printemps 62 après Jésus-Christ et le jeune empereur participe à une course de chars dont la victoire lui semble acquise d’avance. Mais, surprise, c’est une mystérieuse femme masquée qui remporte l’épreuve. Avant de disparaître, elle rappelle à Néron la mort douteuse de son frère Britannicus.

C’est avec un réel plaisir que l’on replonge dans cette atmosphère particulière où se côtoient des hommes et femmes assoiffés de pouvoir, où les passions se déchaînent, où meurtres et cruauté semblent aussi naturels que de respirer, où chacun par intérêt laisse Néron s’enfoncer peu à peu dans la folie.

Evidemment la série appartient au genre historique et les lecteurs allergiques à ce genre auront sans doute quelques réticences. Et pourtant, la série mérite l’effort tant l’histoire est passionnante et promet de nombreux rebondissements. On accroche d’autant plus facilement que le trait de Delaby retranscrit avec une grande finesse les costumes, l’intérieur des villas jusqu’à la ville de Rome et ses tavernes, cette « ville gouffre, ville puits, ville marécage. Rues étroites, tordues, suintantes, chariots aux roues éclatés, cadavres de chiens aux entrailles répandues, éternels chantiers ouverts à la pluie, haleine fétide du soleil.. »

Un soin identique est apporté au scénario: comme dans les tomes précédents, Dufaux propose un glossaire en fin de volume et pousse l’honnêteté jusqu’à informer le lecteur lorsqu’il a été obligé de transformer un peu la réalité pour des raisons techniques, par exemple lorsqu’il n’a pas dessiné les rênes autour de la taille des cochers pendant la course de chars.

Bien sûr, « La Déesse noire » est un 5e tome ce qui pourrait dissuader le lecteur qui ne connaît pas encore la série. Oubliez cela, démarrer « Murena » à ce point n’est pas un problème: les relations entre les personnages sont bien redéfinies ici, l’intrigue est claire, la compréhension finalement aisée. Bref, il n’y a franchement aucune raison valable de se priver.

Dargaud

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