MOVIE GHOSTS – Tome 1. Sunset, et au-delà
Un détective privé est chargé d’élucider la disparition d’une actrice de la MGM. Polar et fantômes sont réunis pour un premier tome assez surprenant.
Le détective privé Jerry Fifth connaît Los Angeles comme sa poche, des prostituées de Sunset Boulevard aux divas de Hollywood, des producteurs sur le retour aux jeunes acteurs sur le chemin de la gloire. Lors d’une conversation dans un bar au cours de laquelle il raconte à un certain Cornell qu’il souffre d’étranges problèmes auditifs qui lui donnent l’impression d’entendre des voix, celui-ci lui suggère qu’il capte les plaintes des acteurs déchus du cinéma décédés qui n’ont pu trouver la paix. L’homme lui propose alors d’enquêter sur la mort d’une star, Louise Sandler, disparue mystérieusement depuis 40 ans et avec laquelle il communique lui-même…
« Movie Ghosts » est un polar surnaturel, une histoire de fantômes prenant pour cadre un univers que Stephen Desberg (« Scorpion », « Empire USA », « IR$ ») connaît bien: une grand-mère courtisée par un des frères Warner, un grand-père ayant dirigé la plus grande salle de cinéma de Cleveland et un père qui distribua les films de la MGM à New York puis Bruxelles des années 50 jusqu’à la fin de l’âge d’or des majors américaines.
De cette époque, le scénariste a tiré un scénario assez surprenant où l’on suit en fait deux enquêtes successives de Jerry Fifth, sans lien entre elles si ce n’est l’intervention réelle ou non de fantômes. Deux enquêtes à la toile de fond intéressante – entre rêves brisés et amours déchues du monde du cinéma et ravages du Maccarthysme – mais qui semblent réunies artificiellement ici et qui manquent de vrai suspense. De même, la voix off omniprésente et des scènes trop figées cassent un peu le rythme. Cela n’empêchera pas toutefois d’apprécier les ambiances nocturnes et le travail sur les lumières du Hongrois Attila Futaki (« Le tatoueur », « Severed : destins mutilés ») qui à travers des planches au trait fin nous promène avec un brin de nostalgie dans un Hollywood en déliquescence.
Dessinateur: Attila Futaki – Scénariste: Stephen Desberg – Editeur: Grand Angle – Prix: 16,90 euros.