MORTEL IMPRÉVU

Bain de sang chez les chercheurs d’or dans l’Amérique du XIXe siècle. Un thriller psychologique captivant.

Fuyant son riche mari violent, Edith quitte Londres pour une nouvelle vie en Amérique. Elle ne tarde pas à tomber amoureuse de Hans, un charpentier qu’elle décide de suivre dans le grand nord canadien à la recherche d’or. Alliés à trois autres orpailleurs sur une concession, l’ambiance est sympathique et presque familiale. Du moins jusqu’à ce qu’ils se retrouvent piégés par l’hiver dans leur cabane…

Le titre est sans doute un peu réducteur au vu du scénario concocté par Dominique Monféry qui a fait ses armes dans les films d’animation (« Le bossu de Notre Dame », « Kuzco, l’empereur mégalo », « Comme des bêtes »…). Car s’il s’agit bien d’un récit de type survival dans l’Amérique du XIXe siècle – avec les codes du Far west qui vont bien: immigration, ruée vers l’or, relations avec les indiens, nature hostile… -, ce n’est pas l’isolement, la cupidité et l’instinct de survie qui peuvent pousser les hommes aux pires extrémités que l’on retient en priorité dans « Mortel imprévu ».
Non, le fond de l’histoire est ailleurs: en fait un long huis-clos dans la seconde partie de l’album où vont s’opposer la sauvagerie et la morale, le désir de violence et de vengeance et la volonté de ne pas se faire justice soi-même et, plus globalement, le portrait féministe d’une femme courageuse et résolument indépendante. Les rapports entre les personnages sont fouillés, la tension est palpable, la violence n’apparaît pas gratuite et les scènes d’action cinématographiques au trait réaliste sont réussies, tout comme les jeux de lumière et d’ambiance. Seule la dernière planche peine à convaincre avec une conclusion un peu facile.

Dessin et scénario: Dominique Monféry – Editeur: Rue de Sèvres – Prix: 19 euros.

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