MEGARON – Tome 1. Le mage exilé

Cela aurait pu être de l’heroic fantasy basique nous entraînant dans les pas d’un chasseur de prime chargé de retrouver une princesse menacée par un monstre. C’est en fait un récit parodique délirant.

Dès les premières planches, on se dit qu’il y a anguille sous roche. Les ingrédients traditionnels de l’heroic fantasy sont pourtant bien là: Jason, un chasseur de primes musclé (évidemment), est chargé de retrouver la princesse Tamina, la fille du Roi des Astriens enlevée par une secte. Lorsqu’il arrive, la jeune femme court vêtue (logique) est prête à être livrée à Megaron, un colosse poilu à tête de cochon. Mais très vite tout déraille: Tamina succombe au charme du monstre et à l’issue d’un combat entre les deux guerriers où Jason prend la raclée de sa vie, ce dernier troque sa tête de jeune premier pour une face tuméfiée et quelques dents en moins. Une allure beaucoup moins sexy qu’il conservera le reste de l’album.

On l’aura compris, « Megaron » est une parodie du genre. Auteur de « Supermurgeman », super héros débile en slip moulant, Sapin n’en est certes pas à son coup d’essai quand il s’agit de démolir les mythes. Pion en revanche oeuvrait jusqu’ici plutôt dans le sérieux et les univers réalistes (« Chrome »).

C’est d’ailleurs ce qui fait l’originalité de cette nouvelle série: à part quelques éléments par ci par là, le style graphique est résolument réaliste de la couverture aux pages intérieures. Le ton parodique vient donc presque entièrement du scénario. Et là, Sapin s’en donne à coeur joie. Le père de Tamina met au défi Megaron – Ronnie pour les intimes – et Jason de lui rapporter la mouche qui manque à sa collection, la rarissime drosophila melanogaster rex. Cette quête principale sera sans cesse ralentie par des aventures secondaires et des rencontres ahurissantes, telle cet incongru bonhomme en sucre aux yeux bleu et rose. Sans oublier les situations absurdes, les jeux de mots lourdingues et les scènes gores à souhait. Alors si vous êtes prêts à suivre les auteurs dans leur délire, « Megaron » vous attend.

Dargaud

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