MA VIE EN L’AIR

Nouvelle collaboration de Tronchet et Sibran pour un album surnaturel et noir mais qui ne parvient pas à émouvoir totalement.

Après le nostalgique et très réussi « Là-bas », Didier Tronchet renouvelle l’expérience en adaptant en bande dessinée « Ma vie en l’air », le second roman d’Anne Sibran paru en 2001.

Si « Là-bas » – racontant le destin du père d’Anne Sibran, rapatrié d’Algérie – était loin d’être un album joyeux, celui-ci est d’une véritable noirceur. La petite Elsa découvre un jour qu’elle est capable de voler comme un oiseau. Un don qui lui permet d’échapper à son quotidien sordide et destructeur, coincée entre la crainte de son père maître égorgeur pour une boucherie et le chagrin de voir sa petite soeur dépérir à vue d’oeil, inexplicablement. Malgré les vols nocturnes d’Elsa au dessus de la ville, malgré sa rencontre avec Paulin l’éleveur d’oiseau qui lui enseigne le cri qui console, « Ma vie en l’air » décrit un univers claustrophobique sous la forme d’une cave, d’une chambre, d’un pensionnat de jeunes filles ou d’un hôpital psychiatrique.

Construit comme un monologue intérieur pratiquement sans bulles, le récit ne laisse pas indifférent. Pourtant on ne peut s’empêcher d’être un peu déçu et on lui préfèrera « Là-bas » car à la différence de ce dernier, le lecteur ne parvient pas à s’émouvoir autant que le tragique du récit le voudrait. Sans doute parce qu’il manque quelques moments chaleureux – comme les vacances passées chez Palmyre, la grand-mère -, touchants, voire amusants; sans doute aussi parce que l’onirisme ambiant prend le dessus sur la réalité. Peut-être enfin parce que le trait gras et épais de Tronchet illustre mieux la folie d’Elsa, enfermée à l’asile, que la légèreté des envolées de la fillette.

Dupuis

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