LES YEUX PERDUS

Première Guerre mondiale, quelque part sur le front Est. Trois enfants tentent de survivre cachés dans un orphelinat rempli de secrets inavouables. Un conte horrifique diablement efficace.

Un garçon et une fille cernés par des poupées en porcelaine aux orbites vides…. Rien que la couverture suscite le malaise. Et les premières pages ne vont pas le dissiper, bien au contraire: un soldat blessé, perdu seul quelque part sur le front de l’Est durant la Première Guerre mondiale, est recueilli par deux enfants qui l’amène jusqu’à l’orphelinat où ils vivent avec Maurice, le fils du directeur de l’établissement. Il l’ignore encore mais le pauvre militaire n’a plus que quelques minutes à vivre…
« Les yeux perdus » du duo d’auteurs argentins Diego Agrimbau (« Le dégoût », « L’humain ») et Juan Manuel Tumburus (issu de l’animation) plonge le lecteur dans un univers noir, glauque et gore aux portes de la folie. Un conte horrifique glaçant dans la pure tradition du genre. Sur 80 pages, le scénario monte crescendo dans l’abomination, retranscrit avec brio les comportements différents des trois enfants soulignés par un trait réaliste expressif – la folie délirante de l’un, la soumission résignée d’un autre, la peur teintée de contestation du dernier -, nous offre une vraie boutique des horreurs et nous réserve aussi quelques surprises scénaristiques.
Inutile de préciser que « Les yeux perdus », dédié à Dante, n’est absolument pas destiné aux enfants.

Dessinateur: Juan Manuel Tumburus – Scénariste: Diego Agrimbau – Editeur: Dargaud – Prix: 16,50 euros.

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