LES REVES DE MILTON – Tome 1

La Grande Dépression des années 30 fait des ravages aux Etats-Unis. Milton le simplet est-il l’auteur des crimes commis au sein d’un groupe de pauvre gens affamés? La première partie d’un dyptique plein de noirceur.

Sortez vos mouchoirs, c’est un récit suintant la misère, la haine et le désespoir que nous livrent Féjard, Ricard et Maël. Nous sommes en 1930 aux Etats-Unis et le pays est plongé dans la Grande Dépression. Couverte de dettes, la famille Cry doit se résoudre à vendre ses misérables terres en Caroline du Nord et à s’exiler vers l’Ouest.

L’Homme n’est pas beau quand il lutte pour survivre. Ses travers les plus hideux ressortent et certains profitent de la détresse des plus faibles pour essayer de s’en sortir. D’autres plongent dans la violence, d’autres encore ne sont plus qu’une boule de haine. Billy, un des fils Cry, appartient à cette catégorie depuis qu’il s’est fait broyé la main, gamin, pour qu’il taise un meurtre auquel il avait assisté. Son handicap physique le rapproche sans doute de son frère aîné Milton qui lui est franchement simplet. Une force de la nature mais qui ne ferait pas de mal à une mouche, sauf la nuit où il rêve de laver dans la violence les affronts que subit sa famille. Or justement, deux meurtres ont lieu sur la route de l’Ouest… Cette chronique sociale sur fond de misère rurale américaine se double donc d’une intrigue policière: Milton rêve-t-il seulement qu’il tue ou accomplit-il réellement ces crimes? Au bout de l’album, le doute est toujours là et il faudra attendre le second tome prévu fin 2006 pour le savoir.

Pas besoin d’attendre la suite en revanche pour déjà se sentir mal à l’aise à la lecture de cette BD. Non pas qu’elle ne soit pas réussie, bien au contraire. Mais en plus de la galerie de personnages insaisissables aux traits fatigués présentée, le graphisme torturé de Maël nous plonge dans un décor sinistre. Le trait est dur, plein de rage et, avec sa palette de tons bruns et gris, le dessinateur a réalisé des planches volontairement sales et boueuses d’où seules émergent quelques taches rouges, des éclaboussures de sang le plus souvent.

On ressort donc des « Rêves de Milton » un peu cassé, en se disant que le monde n’est pas fait de bons et de méchants, juste de monstres en puissance.

Dupuis

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