LES NAVIGATEURS

Trois trentenaires enquêtent sur la disparition soudaine de leur amie d’enfance. Un thriller captivant au coeur d’un Paris fantasmé.

Un épais album au dos toilé de qualité, une couverture mystérieuse et à l’intérieur un Paris cachant des secrets engloutis. Comme dans l’excellent « L’homme gribouillé » des mêmes auteurs, « Les navigateurs » est un fabuleux voyage initiatique fantastique vers un ailleurs peuplé de monstres et un secret venu du fond des âges.
Tout commence pourtant normalement avec les retrouvailles après 20 ans d’exil de Neige Agopian et de ses trois amis d’enfance. Mais après quelques jours, la jeune femme disparaît dans des conditions pour le moins étrange: un bruit terrifiant, une ombre d’araignée géante à la fenêtre de la maison familiale, puis la découverte dans l’une des pièces d’une fresque semblant représenter Neige et la créature à huit pattes… L’enquête de Max, Arthur et Sébastien pour retrouver leur amie va alors les confronter à un triple mystère: une légende urbaine, une énigme artistique et un fabuleux monde perdu.
Avec ce scénario à la fois très riche et surréaliste, « Les navigateurs » embarque le lecteur dans un univers oppressant et cauchemardesque qui, aussi irréel soit-il, fonctionne parfaitement. Derrière un Paris fantasmé faisant la part belle aux réseaux fluviaux et égoutiers, les références artistiques sont multiples, à commencer par Jean Cocteau, les oeuvres symbolistes du peintre Odilon Redon ou la « carte Belgrand », une reconstitution hydrologique et géologique du Bassin de la Seine aux âges préhistoriques. Au dessin, Stéphane de Caneva – qui a déjà aussi travaillé avec Serge Lehman sur « Métropolis » ou « Les brigades chimériques » – reproduit soigneusement en niveaux de gris cette dimension obscure et humide cachée du commun des mortels derrières d’anodines tapisseries.

Dessinateur: Stéphane de Caneva – Scénariste: Serge Lehman – Éditeur: Delcourt – Prix: 26,99 euros.

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