LES CHAMBRES DU CERVEAU
Adaptation en noir et blanc d’une nouvelle de Robert Louis Stevenson. Sombre à souhait.
On lui doit « L’homme qui s’évada », la bande dessinée tirée du livre éponyme écrit par le journaliste Albert Londres en 1928. C’était la première BD de Laurent Maffre, saluée par la critique et sélectionnée au festival d’Angoulême 2007. Avec « Les chambres du cerveau », ce professeur d’Arts appliqués à Paris s’attaque cette fois à l’adaptation d’une nouvelle de Robert Louis Stevenson: « Markheim ». L’histoire d’un homme qui débarque chez un antiquaire juste avant la fermeture, dans l’intention d’acheter un cadeau de Noël pour une jeune femme. Mais le marchand est soupçonneux et pour lui Markheim n’est qu’un voleur venu, une fois encore, écouler une marchandise dérobée.
Un format inhabituel (25x36cm), des planches au découpage varié (les images les plus terrifiantes bénéficient notamment d’une page entière) mais où le noir l’emporte sur le blanc, Maffre nous plonge directement dans ce sombre récit qui annonce « L’étrange cas du docteur Jekyll et de M.Hyde », le chef d’oeuvre de Stevenson. Le thème est déjà celui de la part d’ombre que chaque individu porte en lui, « ce puissant sentiment de dualité humaine qui, par instants, assaille et terrasse fatalement l’esprit de toute créature pensante ». Ici l’ombre apparaît réellement derrière Markheim, c’est elle qui attaque en premier le marchand, c’est elle qui dans un dialogue surréaliste tente de convaincre le meurtrier de voler et tuer davantage. Dédoublement de personnalité et paranoïa aiguë diagnostiquerait un médecin. Le lecteur lui dira simplement: très belle adaptation.