LE MAITRE ROUGE – Tome 1. L’ange du château & Tome 2. La compagnie de la mort charitable

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Le bourreau ne se contente pas de faire tomber des têtes, il mène aussi l’enquête. Un polar dans la Rome de la fin 18e au graphisme malheureusement rédhibitoire.

Il ne suffit pas d’avoir un grand acteur pour faire un bon album.

Dans la Rome de la fin du 18e siècle, Giovan Battista Mori, bourreau de la ville, enquête sur le kidnapping d’une jeune femme et la mort de son beau-père le commandant Alybert. Si la première est censée être entre les mains d’une bande de bandits, le second a été tué par Pietro Poietti, un jeune homme de bonne famille qui refuse d’expliquer son geste.

Ce Giovan Battista Mori là a tout de notre Gérard Depardieu national. Du gros nez à la coupe de cheveux, la ressemblance est frappante et il serait difficile pour les deux auteurs italiens de plaider la coïncidence. Voici donc notre Depardieu romain embarqué dans une enquête qui court sur deux tomes. La bonne surprise est que les deux tomes paraissent en même temps, une premier pour la collection Dédales des Humanos. Pas besoin donc d’attendre un an avant de connaître le fin mot de l’histoire.

La moins bonne nouvelle, c’est que « Le maître rouge » (il tient son nom du manteau rouge à capuche qu’il porte lorsqu’il procède aux exécutions) a du mal à passionner jusqu’au bout. Le cadre historique est pourtant crédible et prendre pour héros un bourreau est assez original d’autant qu’évidemment il se révèle vite avoir d’autres qualités que celle de trancher parfaitement le cou des condamnés: curieux, épris de justice, cachant un lourd secret (qu’on ne connaîtra pas dans ce diptyque) et foncièrement humain, le personnage est plutôt sympathique. maitrerouge2.jpgLe fait de lui attribuer le visage de quelqu’un que l’on connaît n’est d’ailleurs sans doute pas étranger à cette impression. L’intrigue, qui a de la place pour s’étaler, arrive également à multiplier les fausses pistes: les méchants ne sont pas ceux que l’on croit et ceux qui seront punis ne sont pas forcément les plus coupables. Artibani parvient à cacher le dénouement final jusqu’à la fin ce qui prouve l’habileté du scénariste. Cependant l’avancée de Giovan Battista Mori dans son enquête est un peu tirée par les cheveux et peine parfois à convaincre.

Mais le gros défaut du diptyque est certainement le graphisme qui n’aide pas du tout à entrer dans l’album. La couverture du premier tome est révélatrice: Milazzo dessine apparemment très vite sans prendre le temps de détailler les visages. Le couverture de l’opus suivant est en revanche plus soignée. Les planches des deux tomes, elles, sont du même ordre: des visages tantôt réalistes, tantôt juste ébauchés. De plus, les traits sont épais et les ombres, constituées de grands aplats noirs, rendent certaines cases presque illisibles. Enfin, le dessin de Milazzo est trop statique. Mais il faut dire que dans « Le maître rouge » on parle plus qu’on ne court.

Les Humanoïdes Associés

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