L’ARMURE DU JAKOLASS
Valérian et Laureline sortent de leur retraite le temps d’un remake par Larcenet. Drôle sans être irrespectueux.
Larcenet a osé faire le grand écart. Près de deux ans et 22 albums après que Christin et Mézières aient décidé de mettre un terme à la carrière de Valérian et Laureline, l’auteur du « Retour à la terre » a décidé de s’embarquer pour l’espace et la science-fiction avec cet « hommage » à la série culte. Deux années après, Valérian a bien changé: accoudé au comptoir d’un bar minable, ce petit chauve moustachu alcoolo croit d’ailleurs s’appeler René Pérouillaud. Que nenni, il a simplement oublié son passé, téléporté qu’il fut dans ce corps si peu avantageux par le méchant Jesperiank le Jakolass. Heureusement Monsieur Albert vient lui apprendre la vérité et le ramener auprès de Laureline, dont l’air de famille avec l’Emilie du « Combat ordinaire »…
Nul besoin d’être un amateur de la fameuse série, ni même de la connaître. Les fans purs et durs, eux, crieront peut-être au sacrilège car le Valérian de Larcenet a tout d’un pilier de bar de chez Francisque, où la brève de comptoir remplace le scénario politico-social de Christin, où le trait élégant de Mézières fait place au dessin nettement moins classieux de Larcenet. Et pourtant, l’éditeur l’assure, « les deux créateurs sont enthousiastes ». On veut bien le croire tant il est vrai que le résultat est des plus réussis: Larcenet créé une histoire drôle et délirante – au moins autant que le delirium tremens dont est atteint notre héros – mais sans se moquer des originaux. Les réparties sont efficaces, les extraterrestres ont des tronches tout droit sorties d’un « Donjon Monsters » et pour le prix d’un on a droit à la participation d’un tas de copains de Larcenet: Lindingre, Binet, Dumontheuil, Bouzard, Aranega, Libon, Baru, etc… Bref on passe un vrai bon moment. Comme quoi, en BD aussi, les grands écarts donnent de jolies choses.
– Dargaud