L’ANATOMIE DU CIEL
Un prince et un apprenti mage pas très doué doivent retirer une jeune femme des griffes d’un démon. Un album à l’approche originale mais finalement bien trop creux.
La jeune femme que le Prince Stellan s’apprêtait à épouser a été enlevée par le sosie maléfique du prince. Pour la retrouver, le jeune homme reçoit l’aide de la tribu des Gyrdolls, des mages chargés de combattre les ténèbres qui menacent le monde grâce aux secrets de l’alchimie. Sauf que le Gyrdoll qu’on lui envoie s’appelle Thobie et qu’il s’agit d’un incompétent notoire qui « dormait toujours pendant le cours d’introduction à l’harrypotterisme ».
A première vue, « L’anatomie du ciel » s’annonce comme un album particulièrement dense. Dense d’une part, parce que le dessin tout en nuances de gris remplit bien l’espace et laisse présager un univers ésotérique ou de fantasy intéressant. Mélange de crayonné et de lavis, les planches attirent l’oeil et proposent un bestiaire étonnant: si vous aimez les sorcières dangereuses, les démons griffus et les nains rondouillards, vous serez servis.
Dense aussi parce que le récit est conçu comme une course-poursuite qui ne laisse pas le temps de souffler: non content d’avoir enlevé la fiancée du prince, le fameux double maléfique et son armée démoniaque se lance à la poursuite des deux héros, contraints de fuir et de trouver refuge chez diverses connaissances.
Mais à y regarder de plus près, derrière cette course permanente, il n’y pas grand chose: l’essentiel de l’album se résume justement à regarder Stellane et Thobie s’enfuir, se reposer un bref instant avant d’être tout aussi vite rattrapés par les démons, s’enfuir de nouveau, etc. Cela apporte du dynamisme certes mais l’effet répétitif du scénario finit par devenir lassant, d’autant que, nos deux héros ont du coup un rôle essentiellement passif dans l’histoire. Dommage aussi que les Gyrdolls, censés être un peuple « supérieur » (leur tâche est quand même de veiller sur l’équilibre du bien et du mal!), confondent sans sourciller les « nombres entiers » et les « nombres premiers ». Il s’agit peut-être d’une bourde à la traduction mais en début d’ouvrage et au cours d’une cérémonie d’importance, ça décridibilise d’entrée…
Réalisé par un dessinateur et un scénariste déjà auteurs du premier roman graphique serbe en couleurs (« Cadavre exquis » en 2004), « L’anatomie du ciel » est donc finalement une petite déception.