LÀ OÙ GISAIT LE CORPS

Qu’est-il arrivé à Pelican road où a été découvert un cadavre gisant sur le trottoir? Un polar bien construit aux allures d’enquête de voisinage.
Spécialistes du crime bien noir et bien glauque, Ed Brubaker et Sean Phillips (« Criminal », « Fondu au noir », « Reckless ») embarquent cette fois le lecteur dans une enquête autour d’un cadavre retrouvé sur un trottoir de Pelican Road, un lotissement américain lambda au coeur de la Californie des années 80. Qui a fait le coup?
Présenté comme un « WhoDunnit? » – une histoire basée sur une énigme que l’enquêteur est amenée à résoudre en même temps que le lecteur grâce aux indices découverts et aux personnages rencontrés – « Là où gisait le corps » tient en fait plus du thriller psychologique et de la chronique sociale que du polar pur et dur. On suit quelques personnages clés du voisinage (réunis dans un trombinoscope en début d’album, carte des maisons du quartier en prime) qui nous livrent leur quotidien et qui ont tout quelque chose à dire sur le a découverte du cadavre: une pension pleine de junkies; une femme au foyer délaissée par son mari psychiatre; une gamine qui se prend pour une super-héroïne et fourre son nez un peu partout; un flic qui se la joue cow-boy; un SDF traumatisé par son passé militaire; un détective privé à la recherche d’une fugueuse délinquante… Autant de portraits sans concession qui dévoilent une petite brochette de menteurs, de lâches et d’instables.
Soutenue par des planches au trait épais et aux forts contrastes, la reconstitution des évènements autour du fameux cadavre s’avèrent bien construite et agréable même si on ne s’attendait pas forcément à ce genre de récit.
A noter qu’une édition spéciale Le comptoir du rêve à 300 exemplaires est disponible avec une couverture alternative.
Dessinateur: Sean Phillips – Scénariste: Ed Brubaker – Editeur: Delcourt – Prix: 17,95 euros.
