INTISAR EN EXIL
La vie d’une femme yéménite contrainte à l’exil en Jordanie. Un album vivant et riche en informations sur le conflit au Yémen et la condition féminine.
Les lecteurs de « La voiture d’Intisar » – prix France Info 2013 – avaient fait connaissance avec cette jeune anesthésiste yéménite éprise de liberté et sorte d’agrégat fictif de témoignages bien réels de dizaines de femmes rencontrées par le scénariste Espagnol Pedro Riera. Dans « Intisar en exil », on retrouve la jeune femme en Jordanie après avoir fui son pays bombardé en permanence par l’Arabie Saoudite.
L’album de 300 pages, qui peut se lire indépendamment du précédent volume, se divise en courtes séquences tournant autour de deux axes: le statut des femmes dans un monde arabe qui a détourné la religion contre elles; et les causes de la guerre dans un Yémen trop oublié des médias qui vit pourtant une véritable catastrophe humanitaire. Le premier point est constitué d’une série d’anecdotes du quotidien (comment répudier sa femme en trois phrases, le port de l’abaya, les transports publics pour une femme, etc) racontées par une femme moderne et traitées avec humour et ironie. Le second permet de comprendre parfaitement la situation pourtant complexe du Yémen depuis le « printemps arabe »: un dictateur déchu, des chefs de tribu, des rebelles houthis alliés de l’Iran, des Saoudiens ennemis de l’Iran qui veulent faire passer leur oléoduc par le Yémen… Bref, une foule d’informations que l’on assimile d’autant mieux que le récit est vivant et l’héroïne moderne et attachante. A noter enfin que pour la partie graphique Nacho Casanova a cédé sa place à l’Espagnol Sagar. Exit donc le noir et blanc, avec ce deuxième volume, on passe à la couleur et un style semi-réaliste agréable.
Dessinateur: Sagar – Scénariste: Pedro Riera – Editeur: Delcourt, collection Encrages – Prix: 19,50 euros.