EN SILENCE

Quand une journée de canyoning devient l’occasion de s’interroger sur son l’avenir de son couple. Un voyage initiatique au coeur de l’intime avec des planches de toute beauté.

C’est sa première bande dessinée et c’est un petit bijou. Audrey Spiry, qui travaille habituellement dans le monde de l’animation, nous offre un magnifique album à la fois sensible et original. Et pourtant l’histoire part d’un postulat tout bête: une petite famille et un jeune couple, Juliette et Luis, partent faire du canyoning avec un moniteur. Mais le scénario d’Audrey Spiry va plus loin: pour Juliette, la balade au fil de l’eau va être l’occasion de s’interroger sur son avenir et surtout sur sa relation avec son compagnon qui s’est un peu distendue…

La lecture de « En silence » est double, les métaphores nombreuses et l’on comprend rapidement que les mésaventures de Juliette – qui se perd dans les méandres du torrent, cherche Luis qui s’éloigne, etc – symbolisent sa relation de couple et les doutes qui l’assaillent. Jusqu’à cette renaissance symbolisée par cette sorte de membrane, de placenta qui l’enveloppe mystérieusement dans l’eau. Jusqu’au grand saut dans la chute d’eau, libérateur. En mettant en scène un torrent quasi vivant par moments, « En silence » lorgne du côté du surnaturel. Un partis pris audacieux que l’on retrouve sur le plan graphique. Très pictural, son dessin sans contour noir est constitué de formes aux couleurs vives qui épousent les mouvements des corps dans l’eau avec dynamisme et élégance.

« En silence » constitue donc une très belle surprise, aussi rafraîchissante que peut l’être l’eau du canyon.

Casterman

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