IL M’A VOLÉ MA VIE

Le témoignage bouleversant de Morgane victime pendant des années de son mari violent.

En France, une femme sur dix subit des violences conjugales et, tous les trois jours, l’une d’elles est victime d’homicide conjugal selon l’Observatoire National des violences faites aux femmes. Morgane Seliman en est consciente, elle s’est sauvée avant que le pire n’arrive. Son témoignage édifiant racontant ses quatre ans de vie commune – quatre ans de calvaire surtout – avec Yassine (« Il m’a volé ma vie », XO éditions 2015) est ici adapté par LF Bollée (« La Bombe », « Terra Australis ») et l’Italien Francesco Dibattista.
Cette adaptation fidèle au livre permet de revenir sur la spirale infernale dans laquelle tombent les victimes, la manière dont leur conjoint parvient à exercer son emprise, à travers une stratégie insidieuse et malheureusement efficace: l’isolement de la victime, sa dévalorisation, l’inversion de la culpabilité, la peur, le sentiment d’impunité.
Le dessin est classique et sobre, tout comme la colorisation en bichromie de jaune clair et de bleu vert glacial, remplacé par du rouge lors des accès de violence physique. Surtout la tension est palpable à chaque page, en particulier lorsque Yassine annonce tranquillement à sa femme le début d’un compte à rebours: « Dans une heure, je te défonce ». Effarant. D’autant qu’on ressort de cette bande dessinée avec le sentiment que la justice reste incapable de protéger les victimes.

Dessinateur: Francesco Dibattista – Scénariste: LF Bollée – Editeur: Glénat – Prix: 22,50 euros.

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