GINSENG ROOTS

L’enfance de Craig Thompson et l’histoire d’une ginseng mêlées dans un habile album.

20 ans après « Blankets » auréolé d’un prix Eisner, Craig Thompson retourne dans son enfance passée entre un père autoritaire et une mère ultra-catholique, dans une ferme du Wisconsin. Pendant les vacances, pour aider leurs parents et s’acheter des comics, lui et son frère travaillaient dans les champs de ginseng, une plante au multiples vertus thérapeutiques exportée dans le monde entier.
En faisant se croiser son histoire personnelle avec celle du marché du ginseng, l’auteur américain mêle ainsi biographie familiale, botanique et enquête journalistique que ce soit dans le Wisconsin (premier producteur mondial) ou en Asie.
« Ginseng roots » est imposant par sa pagination (448 pages tout de même) et par la somme d’informations qu’il offre: culture exigeante, utilisation des pesticides, main d’oeuvre étrangère, concurrence chinoise, etc. Cela semble un peu long parfois mais il faut saluer la richesse de l’album au découpage inventif et des planches en bichromie de noir et de rouge fourmillant de détails et d’arrière-plans réalistes et touffus dans lesquels l’oeil aime à se perdre.
L’album multiplie également les parallèles entre Thompson et le ginseng, entre le dessin et la racine. « Autrefois, les traits de mon pinceau s’élevaient vers les cieux. A présent, ils fouillent la terre en quête de fondations », dit-il au détour d’une page. Au fil de la lecture, on comprend ainsi comment le ginseng a façonné la vie de Thompson. A tel point que la maladie des mains dont il est atteint désormais – la fibromatose – et qui le fait souffrir en dessinant pourrait avoir comme origine les pesticides avec lesquels il était en contact enfant dans les champs…

Dessin et scénario: Craig Thompson – Editeur: Casterman – Prix: 27 euros.

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