FLESH EMPIRE
Sur Singularity, la mémoire de chaque résident est stockée dans un Datacenter, donnant la possibilité au Sénat de l’effacer à tout moment. Plongée graphiquement marquante dans un monde exclusivement synthétique et numérique.
A Singularity, les corps sont purement synthétiques et la mémoire de chaque individu est en fait stockée dans une vaste banque de données. Le Sénat permet ainsi l’immortalité et peut aussi décider de faire cohabiter deux personnes dans un même corps ou d’effacer à tout moment des existences. En secret, le chercheur Ray Zimov développe une matière organique source de sensations nouvelles, incontrôlable par le DataCenter et donc permettant de se libérer du joug de cette dictature: la chair…
D’abord parue sous la forme d’un portfolio (médaille d’or au 3×3 Professional show de New York), « Flesh Empire » est la première bande dessinée de l’illustrateur Yann Legendre. Un one-shot de science-fiction plutôt original. Sur la forme d’abord et cela saute évidemment aux yeux. Etres stylisés, superposition de trames et de motifs géométriques, jeux de perspective, etc, décrivent un monde déshumanisé à l’extrême où la froideur clinique du noir et blanc va être progressivement « réchauffée » par les touches de rose couleur chair recouvrant ça et là les enveloppes artificielles.
Ce parti pris rétro-futuriste très soigné entre en résonance avec le scénario. Ce dernier questionne avec intelligence des thèmes contemporains (contrôle numérique et contrôle social, eugénisme, IA…) en partant d’un postulat inattendu, une sorte de transhumanisme à l’envers puisqu’il ne s’agit plus de chercher à améliorer le corps humain par la technologie mais tout simplement le contraire. C’est plutôt percutant même si le texte rare et les cases figées rappellent encore davantage l’illustration que la bande dessinée.
Dessin et scénario: Yann Legendre – Editeur: Casterman – Prix: 19 euros.