FEUILLES VOLANTES

Un moine copiste, un gamin rêvant de faire de la BD et une dessinatrice du futur. Trois histoires astucieusement imbriquées pour tenter de percer le mystère de la création.

Au XXe siècle, Max, un jeune garçon qui rêve d’être dessinateur de BD, trouve dans une vieille maison des caractères d’imprimerie et en même temps l’inspiration pour une nouvelle histoire: celle de Raoul, moine copiste du Moyen Âge, dont la vie est bouleversée par sa rencontre avec l’inventeur d’une machine permettant de reproduire plusieurs fois le même dessin. Quant à Suzie, dessinatrice comme son père Max mais via la réalité virtuelle (nous sommes dans le futur), elle se lance dans un nouveau projet: jeune garçon à la fin du siècle dernier qui va prendre conscience de sa passion pour la bande dessinée grâce à un mystérieux mentor…

On l’aura compris, tout dans « Feuilles volantes » est question d’imbrication car passés trois prologues présentant chacun Max, Raoul et Suzie – dont le point commun est la nécessité vitale de raconter des histoires avec des images -, le reste de l’album est un étonnant mélange d’époques où les trois personnages s’imaginent les uns les autres comme dans une boucle temporelle fermée!

On pourrait aisément se perdre dans ce schéma complexe car même si chacune des trois histoires bénéficie d’une teinte dominante (bleu pour Max, rose pour Raoul, jaune pour Suzie), les cases aux formes improbables, les dessins hors case et les personnages que l’on suit d’un bout à l’autre d’une même case ont de quoi désorienter. Mais la lecture reste suffisamment claire et fluide pour que l’on puisse profiter pleinement de la beauté d’un graphisme audacieux, joyeusement coloré et jouant sur les perspectives originales et les références aux enluminures qui invite à se perdre dans le décor. Tout cela fait de « Feuilles volantes » une vraie expérience graphique et narrative autour du mystère de la création.

Dessin et scénario: Alexandre Clérisse – Editeur: Dargaud – Prix: 23 euros.

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