EDGAR

Les mille et une vies d’Edgar, beau-père portugais de Mathieu Sapin. Un récit biographique et documentaire de Lisbonne à Paris.

Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un beau-père portugais révolutionnaire. Mathieu Sapin a donc saisi cette opportunité pour raconter l’histoire d’Edgar, de sa jeunesse engagée contre le régime jusqu’à son immigration en France. Et qu’importe si le septuagénaire qui se dit descendant de l’écrivain du XVIe siècle Joao de Barros et du duc de Wellington mais aussi résistant sous la dictature de Salazar, déserteur ou agent secret en rajoute un peu… Après tout, ne dit-il pas lui-même à son beau-fils: «En te disant la vérité, je te trompe»…
En choisissant de se focaliser sur un membre de sa famille et non pas sur une personnalité comme pour ses précédents albums (François Hollande, Gérard Depardieu, Emmanuel Macron…), Sapin n’a pas besoin de s’embarrasser du même souci de réalité. Ici, il suit au gré de ses passages à Lisbonne, le témoignage de son beau-père truffé d’anecdotes dont certaines à peine croyables. Son regard est assez distancié, parfois amusé ou dubitatif quant à la véracité du récit.
Il n’empêche, mythomane de compétition ou non, Edgar est à lui seul une page d’histoire du Portugal qui se lit bien, dans laquelle est évoquée en particulier la dictature et la Révolution des oeillets en avril 1974. Son récit mis en image d’un trait semi-réaliste offre également une promenade dans les rues de Lisbonne ou la campagne alentours et une découverte de la gastronomie locale. Un carnet de croquis sur le Portugal termine d’ailleurs l’album. Petit bémol, les quelques pages consacrées à la résidence d’écriture de Mathieu Sapin en 2012 à Lisbonne et son idée de polar en BD avorté qui sont un peu décalées par rapport au reste du récit.

Dessin et scénario: Mathieu Sapin – Editeur: Dargaud – Prix: 24 euros.