COMME UN POISSON DANS L’HUILE
Un récit construit comme un journal intime sur un jeune étudiant des Beaux-Arts en quête de lui-même. Sympathique.
A l’école des Beaux-Arts de Saint-Etienne, un étudiant de première année découvre la vie universitaire en même temps que la vie tout court.
Déjà auteur de livres pour enfants (« Quentin et les Etoiles magiques », « Hin ! Hin »), Guillaume Long signe ici sa première bande dessinée, en noir et blanc. En 56 pages au découpage immuable (12 cases carrées par page), Guillaume Long entraîne le lecteur dans le quotidien d’un étudiant, pas vraiment sûr de sa vocation artistique, pendant toute une année scolaire, de la rentrée aux examens de fin d’année.
Le récit est construit à la manière d’un journal intime. Chaque case illustre les quelques lignes de commentaires en dessous, exclusivement rédigées à la première personne, du point de vue du jeune homme dont on ignore jusqu’au nom. Peut-être y a-t-il une part d’autobiographie dans « Comme un poisson dans l’huile » (Guillaume Long est originaire de Saint-Etienne), en tout cas le récit sent le vécu. Celui d’une jeune homme encore entre l’adolescence et l’âge adulte, en pleine quête de lui-même. Et comme souvent dans ces cas-là, ses réactions sont extrêmes et il enchaîne des crises de boulimie de culture artistique (pour trouver l’inspiration pour ses travaux d’école) et de télévision (pour se vider la tête). Crises qu’il partage avec Rémi, l’un de ses camarades, aussi introverti et mal dans sa peau que lui. Pendant que le premier est complexé par sa dyssimétrie testiculaire, le second refuse de laisser voir le moindre centimètre carré de sa peau.
Le dessin de « Comme un poisson dans l’huile » est simple et sympathique d’autant que Guillaume Long parvient à rendre amusant le quotidien somme toute banal de l’étudiant. A côté d’un discours très réaliste, le graphisme est souvent très imagé voire absurde: ainsi les difficultés de Rémi à faire admettre ses travaux au prof de sculpture se traduisent en image par un duel à l’épée avec Darth Vador…
On se laisse donc mener de case en case et si le récit aurait gagné à être un peu plus court (au bout d’un moment, on commence à avoir l’impression de tourner en rond), il reste très agréable à lire.