District 77 – Tome 1. Lili
Pour sa première affectation Lili Lafayette découvre la réalité d’un commissariat pourri par la pègre. Une nouvelle série policière teinté de fantastique haletante.
« Putain de ville, putain de pluie, putain de commissariat ». Ca commence fort pour Lili Lafayette, fraîche émoulue de l’école de police qui débarque pour sa première affectation: le commissariat est dirigé par un flic verreux et la moitié des agents sont mouillés jusqu’au cou dans la mafia. Et ça ne continue guère mieux: Big Boss, le parrain de la ville, victime d’une tentative de meurtre, sombre dans le coma. Aussitôt, tout le milieu criminel est sur les dents pour avoir une part du gâteau.
L’un – Denys – a dessiné « Comptines d’Halloween » et « Dans la nuit » (avec Callède); l’autre – Dugand – se partage entre le magazine Ferraille et le cinéma (« Atomik circus »). Avec « District 77 », les deux signent leur première collaboration: un polar bien noir prometteur.
Dès le début, le ton est donné. La vision de la ville et de la police est volontairement malsaine. Les flics sont lourds, misogynes, racistes et corrompus tandis que dans cette ville sale et triste, il pleut quasiment tout le temps, l’ambiance est sombre et l’horizon est continuellement bouché. Au milieu de tout ça, il y a Lili, un personnage plutôt original: forte tête, le juron facile mais solitaire et désabusée, elle tente vainement d’oublier son passé – son père accusé de meurtres a été sommairement abattu – en se lançant avec intégrité dans son métier de flic. La jeune femme, à cent lieues des superbes héroïnes habituelles, est de fait rapidement attachante. Dommage toutefois que son visage – entre autres – manque d’expressivité.
Porté par la personnalité de Lili, ce premier tome nous propulse rapidement dans l’action avec flingues, course poursuite et scènes sanguinolentes au menu. Malgré quelques raccourcis un peu trop elliptiques, l’intrigue est rondement menée, digne d’une bonne série policière classique. Aussi est-on d’autant plus surpris lorsque le scénario intègre dans cet univers très réaliste un zeste de surnaturel: voilà que l’on sous-entend que notre fameux Big Boss tiendrait sa spectaculaire ascension, dans le milieu de la pègre, de la Qimbanda, une sorte de magie noire brésilienne. Mieux encore, la difformité faciale dont est affublé notre homme serait bien « vivante »…
Avec la direction complètement inattendue que prend l’album, les auteurs parviennent à nous prendre définitivement au piège. Malheureusement il nous faudra prendre notre mal en patience avant d’en savoir davantage. Damned.