DILBERT – Tome 1. Dis-le avec ton corps
Une peinture au vitriol de l’univers impitoyable de l’entreprise broyeuse d’hommes. Un album drôle mais à la colorisation ratée.
Edité auparavant par Vents d’ouest et Albin Michel, Dilbert poursuit ses aventures chez Dargaud et, au passage, les planches prennent de la couleur. Dilbert, c’est cet ingénieur informatique à petites lunettes, air ahuri et chemise-cravate se débattant dans l’univers inhumain et impitoyable de l’entreprise. Scott Adams qui a créé le personnage en 1988 sait de quoi il parle: il a été lui même cravaté et salarié dans une grande société informatique américaine. Aujourd’hui, les aventures de Dilbert sont publiées par plus de 2.000 journaux dans 65 pays, traduit en 25 langues et lu par 150 millions de lecteurs.
Ce sont quelques uns de ces strips qui sont réunis dans « Dis-le avec ton corps ». Comme d’habitude, le ton est cynique et mordant pour décrire tous les rouages de l’entreprise entre les magouilles commerciales, les stages de remotivation et de créativité, les marques de mépris de la direction envers le personnel, les licenciements abusifs; etc.
Au milieu de tout cela, l’homo salarius, inefficace, désabusé et totalement désinvesti, s’interroge sur son rôle dans l’entreprise. Outre Dilbert, on découvre donc une belle brochette de personnages surréalistes: son collègue Richard est un égoïste aigri; Alice, la seule femme du service informatique, est une stressée permanente et caractérielle; Asok est un stagiaire brillant mais encore trop naïf; Dogbert, le chien de Dilbert, ambitionne d’asservir le genre humain tandis que le chat Catbert, lui, est le DRH sans pitié de l’entreprise qui se régale à ridiculiser tout le monde. Enfin le pire d’entre eux: le Boss. Particulièrement stupide, méchant et malhonnête, il est de plus un incompétent notoire qui passe son temps dans le dos de ses employés.
Le tableau n’est franchement pas rose, évidemment caricatural mais très bien vu. Les gags font mouche la plupart du temps et on rit jaune, même si en passant de l’anglais au français, certaines répliques ont perdu de leur force. Mais on regrettera surtout la mise en couleur des strips. Vu la simplicité du trait, l’absence de décors et le découpage classique en gaufrier, la colorisation avec de grands aplats à l’ordinateur n’était franchement pas utile. D’autant que les couleurs choisies ne sont pas particulièrement jolies…