CONQUISTADOR

Le parcours de Bud Leroy, noir, pauvre, alcoolique et pour couronner le tout musicien. Un album superbe graphiquement et plein d’émotion sur les racines du blues.

La vie de Bud Leroy, célèbre bluesman noir américain, est désormais derrière lui. Malade, il sent que sa fin est proche. Alors, avant un ultime concert à Paris, sa guitare Gibson Flying à la main, ses souvenirs remontent à la surface, de son enfance pauvre dans une petite ville du Sud au secret de l’accordage dit du « Conquistador » (cette signature sonore si particulière des guitares noires dans le Delta du Mississipi) en passant par ses années d’alcoolisme.

Bud Leroy n’a peut être pas existé – contrairement à Robert Johnson et John Lee Hoocker, autres musiciens évoqués dans l’album – mais qu’importe. On y croit dur comme fer à cette histoire. La mélancolie de Bud Leroy vient de loin, au moins d’aussi loin que sa musique. La chaleur du soleil du Mississipi et l’humidité du bayou transpirent de l’album mâtiné de fantastique que n’apprécieront pas seulement les amateurs de blues, « cette satanée putain de bonne musique » qui ne peut être que l’oeuvre du diable.

A plusieurs degrés au dessus de leur série « Twins », Van Linthout et Leclerc signent donc un magnifique album de 80 pages sur papier crème. Toutes en crayonnés, rehaussées d’un lavis en nnuances de gris, les planches sont superbes. La légende du blues valait bien cela.

Casterman

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