BLUE

A travers le récit d’un amour naissant entre deux adolescentes, Kiriko Nananan propose une œuvre sensible et délicate pour la nouvelle collection manga de Casterman.

Masami Endô et Kayako Kirishima sont en terminale dans un lycée de jeunes filles en bord de mer. Une profonde amitié naît. Une amitié qui petit à petit va se transformer en amour…

« Blue » fait partie des premières sorties de la collection « Sakka » de Casterman, avec notamment « Un été andalou et autres aubergines », et c’est sans doute le titre de cette nouvelle collection le plus intéressant pour le moment.

Ce n’est pas vraiment par le sujet que le manga se démarque même si derrière l’histoire d’amour entre deux lycéennes, il évoque également un certain mal-être, de la peur aussi (de ses sentiments, de l’avenir, de ne pas être à la hauteur des attentes de celle qu’on aime ou de sa famille). Non, si « Blue » a ce petit quelque chose qui fait mouche, c’est surtout par l’adéquation réussie entre le récit et son traitement graphique.

L’histoire est sobre, à l’image de la couverture et du trait fin et élégant de Kiriko Nananan. En outre, même si certaines scènes se passent hors de l’école, la mangaka centre son récit sur la classe et surtout sur les deux héroïnes. On se contente donc bien souvent de deviner le reste: décors souvent inexistants, adultes vus de dos, le visage caché ou représentés par de simples silhouettes.

Comportant peu de dialogues et essentiellement basés sur les non-dits, « Blue » fait preuve d’une certaine langueur. Le one-shot se focalise sur les visages comme pour faire ressortir chaque pensée ou sentiment tu, privilégiant aussi les détails comme les mains, les pieds, les cheveux. Parfois, des cases totalement blanches ou noires viennent casser le rythme du récit et apportent une dimension dramatique au récit. Bref, autant de «techniques» utilisées qui dénotent une grande maîtrise graphique de l’auteur.

Du coup, on regrettera d’autant plus le manque de diversité physique des personnages. La lecture des premières pages en particulier est ardue: le lecteur n’a bien souvent que la coupe de cheveux pour arriver à différencier les protagonistes. Et lorsque ceux-ci ont une coupe très proche – c’est le cas pour les deux principales héroïnes par exemple – , on nage souvent en pleine confusion. Fille ou garçon, on a même du mal à faire toute de suite la différence! Et pour ne rien arranger, les personnages s’interpellent indifféremment par leur nom ou leur prénom.

Reste qu’avec « Blue », Kiriko Nananan nous livre un one-shot sensible et délicat qui ne manque pas de séduire. La mangaka devrait d’ailleurs revenir prochainement au sein de la collection Sakka puisque « Water », regroupant quelques-unes de ses premières histoires courtes, est attendu pour janvier 2005. Autant de pages d’amour surprenantes, intimes, délicates et sombres en perspective…

Casterman

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