BASIL ET VICTORIA – Tome 1. Sâti

Réédition d’une sorte de fable sociale pleine de fraîcheur, récompensée à Angoulême en 1993.

La série qui avait valu à Edith et Yann d’obtenir l’Alph-art du meilleur album au festival d’Angoulême en 1993 est aujourd’hui rééditée dans la nouvelle collection des Humanos, « Les 3 Masques ».

Basil et Victoria sont deux gamins comme tant d’autres dans la capitale britannique de la fin du XIXe siècle. Vivant de menus larçins et de la vente de rats le jour et dormant au bord de la Tamise la nuit, ils survivent tant bien que mal en compagnie de leur chien Cromwell. C’est pourquoi quand une petite Indienne en robe de soie, recherchée par sa famille contre une forte récompense, débarque dans leur vie, ils n’ont pas l’intention de laisser passer leur chance.

Le moins que l’on puisse dire c’est que la vie de Basil et Victoria est loin d’être rose. L’atmosphère de cet album – les gamins en haillons errant dans les ruelles sombres et sordides, les familles entières dormant à la belle étoile et les pendaisons publiques – est très bien rendue par le graphisme d’Edith. Réalisés au fusain et à l’aquarelle, les dessins utilisent une palette limitée d’ocres, de bruns et de gris. Ils évoquent les romans de Charles Dickens ou « Le peuple d’en bas » de Jack London qui, déguisé en clochard, se perd pendant trois mois dans les bas-fonds de Londres et en rapporte un témoignage terrifiant.

Pour autant « Basil et Victoria » n’est pas un album noir ou larmoyant. Nos deux jeunes héros n’inspirent pas la pitié et eux-mêmes ne s’apitoyent pas sur leur sort. Avec chacun un caractère bien trempé, les deux personnages sont sympathiques. Victoria est rusée et mature, elle semble dure, insensible parfois, ce qui ne l’empêche pas de rêver qu’elle fut volée à la cour par un gitan quand elle était bébé et de s’effondrer en larmes quand Basil se moque d’elle. Le jeune garçon n’en fait qu’à sa tête mais il fait montre de beaucoup de gentillesse et de patience envers Victoria.

Bref, contrairement à ce qu’on pourrait attendre, « Basil et Victoria » est une sorte de fable sociale pleine de fraîcheur.

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