1629 – Tome 1. L’Apothicaire du diable

Les cales chargées d’or, le Jakarta lève l’ancre pour rejoindre l’Indonésie. Un enfer flottant mis en scène avec brio.

En 1629, le Jakarta quitte le port d’Amsterdam. Objectif, atteindre les côtes indonésiennes en 120 jours maximum. A son bord, un commandant cruel, un obscur apothicaire engagé comme négociateur, un rustre mais bon navigateur, quelques centaines de marins représentant « la fine fleur de la racaille », une jeune femme de la haute société dont le marin a ordonné qu’elle le rejoigne, quelques domestiques et surtout une imposante cargaison d’or destinée à s’attirer les faveurs de l’empereur. Assez vite, chacun comprend que la traversée n’aura rien d’une croisière…
Sous-titré « L’effrayante histoire des naufragés du Jakarta » et inspiré d’une histoire vraie (le navire s’appelait en réalité le Batavia), ce récit en deux tomes sur l’une des pages les plus sanglantes de l’histoire maritime est marquant à plus d’un titre.
D’abord parce que le travail éditorial est de qualité: 136 pages en grand format, à la couverture cartonnée et texturée aux luxueuses couleurs de noir et or à la manière d’un ouvrage ancien, mappemondes d’époque, plan en coupe du navire et marque-page en tissu en prime.
Ensuite parce que l’aventure maritime qui nous est proposée est largement à la hauteur. Sur des planches réalistes au découpage varié et qui donnent à voir des décors détaillés, d’impressionnantes scènes en mer et de sacrées gueules de marins, ce thriller psychologique en huis-clos plonge le lecteur sur un véritable baril de poudre au milieu d’un enfer flottant: conditions de vie déplorables sur le bateau, lutte des classes, complot, mutinerie, naufrage, massacre et survie vont révéler s’il en était besoin l’absolue noirceur de l’âme humaine.
Ce récit d’une tragédie où un groupe se révèle capable du pire en perdant toute humanité est finalement assez classique mais c’est indéniablement ici du grand spectacle comme on les aime.

Dessinateur: Thimothée Montaigne – Scénariste: Xavier Dorison – Editeur: Glénat – Prix: 35 euros.

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