ESCAPE GHOSN
L’incroyable cavale de Carlos Ghosn fuyant le Japon dans une caisse. Sympathique.
Caché dans une caisse de matériel son aux fermetures métalliques depuis des heures, Carlos Ghosn essaie de rester zen. Nous sommes fin décembre 20219 et l’ancien grand patron de Renault-Nissan est en train de tenter de fuir le Japon où il est assigné à résidence par la justice japonaise pour des soupçons de dissimulation de revenus et pour avoir utilisé des fonds de l’entreprise Nissan à des fins personnelles.
La cavale, révélée par les médias internationaux lorsque Ghosn arrivera finalement sur le sol libanais où il reste protégé par l’absence d’accord d’extradition, est tellement rocambolesque qu’elle méritait bien d’être racontée. Basé sur des entretiens avec l’homme d’affaires réalisés par Anthony Samrani, rédacteur en chef adjoint du quotidien L’Orient-Le Jour, le récit met donc en scène le déroulé de cette échappée culottée menée par un ancien milicien des forces libanaises, un ex-béret vert spécialiste des exfiltrations à risque et son fils. Ghosn – arrogant et qui aime à se poser en victime d’un complot – n’apparait pas spécialement sympathique, ses acolytes pas très finauds, mais l’ancien patron avait été prévenu que l’approche de l’album serait « sans complaisance ».
Le résultat est agréable à lire, permet de se remémorer le déroulé des évènements, d’apprendre quelques détails inédits mais aussi de rappeler les enjeux de l’alliance Renault-Nissan, les systèmes judiciaire et carcéral nippons, la position des politiques français et la situation économique au Liban. Le tout sur un ton léger et le trait caricatural du Libanais Mohamad Kraytem. La scénariste Michèle Standjofski intercale aussi des flashbacks pour dynamiser le récit et, a eu des petites idées originales et comiques comme la représentation expressive de Ghosn dans l’obscurité de sa boîte dont on n’aperçoit que les yeux et ses fameux sourcils; ou un petit bonze agissant comme un mini-lui tentant régulièrement de le calmer, de le remettre à sa place ou de rétablir certaines vérités…
Dessinateur: Mohamad Kraytem – Scénariste: Michèle Standjofski – Editeur: Samir – Prix: 20 euros.