Timothée Ostermann : « Merci football! »

Sportif du dimanche matin, Timothée Ostermann rend un bel hommage au football amateur. Avec tendresse, « Football district » s’amuse de ces clubs de village qui se prennent parfois un peu trop au sérieux. Incontournable !

Tous ceux qui ont joué au football dans un club vont forcément se retrouver dans « Football District ». C’est quand même un peu incroyable que cela se passe de la même façon dans tous les villages…
Timothée Ostermann. N’est-ce pas? On rigolerait vachement moins sans le petit gros, le grand balèze, le mec avec une coupe pas possible et le juge de touche qui fume sa clope au bord du terrain. Je trouve que cette constante dans le foot amateur est assez rassurante.

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À plusieurs reprises, vous soulignez que vous ne cherchez qu’à prendre du plaisir à taper dans un ballon. Vous avez perdu cette notion de plaisir ?
T.O. Non, le plaisir est toujours là, c’est viscéral. C’est juste que parfois, la notion de loisir disparaît un peu, et ce juste parce qu’on joue la fameuse et sérieuse « montée », c’est dommage. Sinon, je joue encore le dimanche dès l’aube. Si vous êtes matinaux, passez me voir, ça vaut le détour (sourire).



Certains pourraient être surpris par l’esprit de compétition qui règne dans le football amateur. Le foot amateur est devenu trop sérieux ?
T.O. Comme je le disais plus haut, un club amateur a tendance à vouloir monter d’une division, atteindre le Graal en somme. Et cela implique forcément une sorte de sérieux latent. Souvent, un club de district va être dans un mimétisme avec le monde professionnel, sauf que ça ne marche pas. Et c’est peut-être cette tentative de sérieux qui rend le foot amateur vraiment marrant.



Les causeries des entraîneurs ou les discours du président sont très drôles. Vous ne vous moquez pourtant jamais et on devine même un peu de tendresse pour ces passionnés qui vivent le foot à 200% ?
T.O. Énormément de tendresse, c’est sûr. J’ai toujours adoré ces moments de motivations intenses. Ce n’est pas si simple de faire preuve d’éloquence et puis parfois, comme c’est le cœur qui parle, les orateurs s’emmêlent un peu les pinceaux, mais au moins c’est authentique. Et c’est toujours très poilant de se faire comparer à « des guerriers » et des « spartiates » et autres métaphores ultras viriles sur le combat.



« Football district » montre bien que le football crée du lien social, qu’il rassemble des gens complètement différents. C’était quelque chose d’important pour vous ?
T.O. Bien sûr, la portée fédératrice et universelle du football est primordiale dans ce livre. J’ai rencontré pléthore de bons gars que je n’aurais jamais croisés sans le foot. Alors merci football !

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L’unique match de cet album est représenté dans une double page en gaufrier avec uniquement des gros plans. C’est d’ailleurs la couverture de l’album. Il a été difficile de trouver la bonne solution pour représenter le match ?
T.O. Alors, non, je dirais que l’idée de ce gaufrier, c’est de montrer une dérouillée de manière lapidaire. Un coup de sifflet, un tir, un but, un engagement, un duel perdu, un but, un engagement,… J’ai essayé d’apporter un rythme, de rendre ça dynamique. Avec un découpage comme ça, on retombe vite de la montée d’adrénaline du discours d’avant match. On n’a pas affaire à une équipe de héros qui va soulever la coupe. C’est juste des gars normaux, mais ce n’est pas grave, la vie continue !


Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Football District » de Timothée Ostermann. Fluide Glacial. 16,90 euros.

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