Steven Dupré: «J’aime dessiner la période médiévale»
Tout en continuant à dessiner la série «Kaamelott», Steven Dupré s’est lancé dans une autre adaptation d’envergure avec le best-seller de Ken Follett «Les piliers de la terre». Six tomes d’une centaine de pages sont prévus pour raconter cette passionnante saga médiévale au temps des bâtisseurs de cathédrales. Incontournable !
En postface, le scénariste Didier Alcante raconte son histoire avec le livre de Ken Follett. Quelle est la vôtre avec «Les piliers de la terre»?
Steven Dupré. Vu l’enthousiasme de Didier, j’ai regardé la série télé. Je me suis alors souvenu que je l’avais déjà vu il y a des années, mais je l’avais presque totalement oublié. J’ai commencé par la série télé parce que le roman est toujours mieux que l’adaptation. Sauf pour l’adaptation en BD, évidemment (rires). Donc après, j’ai lu le roman, pour mieux savoir ce qui m’attendait et je l’ai bien aimé.
Vous avez déjà dessiné plusieurs bandes dessinées historiques. Qu’est-ce qui vous plait dans ce genre?
S.D. Ce n’est pas forcément le genre historique qui m’intéresse, mais j’aime bien dessiner la période médiévale. Ça me permet d’éviter de devoir dessiner des choses modernes, voitures, portables, ordinateurs, des objets qui, d’après moi, n’ont pas vraiment un design intéressant. Dans le genre historique, il y a beaucoup de nature, des animaux partout…
Le Moyen-âge est une époque particulièrement intéressante graphiquement? Quelles ont été vos sources documentaires pour retranscrire cette période le plus fidèlement possible?
S.D. Toute la documentation m’a été fournie par Didier ou par Nicolas Ruffini-Ronzani, historien à l’université de Namur, qui nous aide à rester fidèles à l’époque. C’est pour ça que j’aime bien collaborer avec Didier. Il est tellement engagé qu’il fait le boulot de documentation que je ne prends pas plaisir à faire moi-même.
Dans les prochains tomes, vous allez devoir dessiner la construction de la cathédrale de Kingsbridge. C’est un défi compliqué?
S.D. Probablement, oui.
Est-ce la raison pour laquelle Quentin Swysen a réalisé une maquette 3D?
S.D. Non, il l’a fait surtout pour ce premier tome. Il y a pas mal de scènes qui se déroulent dans ou aux alentours de la cathédrale de Kingsbridge (bâtiment qui n’existe pas véritablement). Pour rester cohérent dans la représentation et dans la façon de montrer le même endroit vu d’angles différents, il faut avoir un maximum de références. C’était en tout cas une aide indispensable. Dans le deuxième tome, la cathédrale fait des modifications importantes, mais, même là, le modèle 3D va continuer à m’aider à imaginer ces modifications.
Didier Alcante donne un maximum de place au dessin et vous offre de belles grandes cases en plongée. On prend encore plus de plaisir sur ces planches peu bavardes?
S.D. Je fais ce boulot depuis assez longtemps pour le voir comme un travail. Je ne le fais pas vraiment pour le plaisir. Bien sûr, de temps en temps, je suis content de revoir ce que je viens de faire. Ça fait plaisir, mais ce ne sont que des moments brefs de contentement. Avant d’attaquer des doubles planches comme ça, je me demande surtout combien de temps ça va me prendre de la terminer (sourire).
Six albums d’une centaine de pages sont prévus. C’est un vaste chantier qui va vous occuper pendant plusieurs années. Vous allez vous y consacrer à temps plein ou alterner avec d’autres projets?
S.D. Il y a toujours la série « Kaamelott » que je réalise avec Alexandre Astier chez Casterman. Il y aura donc certainement des périodes durant lesquelles je vais devoir combiner les deux.
Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)
« Les Piliers de la Terre – Tome 1. Le Rêveur de cathédrales » par Steven Dupré et Didier Alcante. Glénat. 13,99 euros.